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ACADEMIE FRANCAISE.




RECEPTION DE M. SAINTE-BEUVE.




Il y a précisément vingt ans qu’avait lieu à l’Académie française la réception de M. Casimir Delavigne. C’était au lendemain de cette agréable comédie de l’École des Vieillards dont les soixante premières représentations avaient donné un chiffre de recettes supérieur à celui des recettes de Figaro. Le nom populaire du jeune écrivain brillait alors de son plus serein éclat ; l’opinion émue puisait dans son émotion même un plus reconnaissant souvenir pour les patriotiques Messéniennes, les sourires excités par les spirituelles saillies des Comédiens étaient encore sur bien des lèvres, et tous les esprits dévots au culte de la poésie chaste admiraient les chœurs du Paria. Jusque-là, M. Delavigne n’avait pas quitté sa voie propre ; fidèle à ses instincts, il ne s’était pas très inquiété du besoin d’innovations littéraires qui commençait à se produire avec vivacité autour de lui. Et, en effet, comme poète lyrique, on l’avait vu adopter une manière dès le lendemain de Waterloo, c’est-à-dire avant les Méditations de M. de Lamartine,