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Wurtenberg et en Saxe, une réforme ecclésiastique. « Voulez-vous chasser le communisme des tailleurs-philosophes ? s’écriait un député wurtembergeois. Introduisez à la place le généreux communisme des chrétiens. » Etablir l’église sur le fond populaire et non pas en dehors des simples croyans, la restaurer par en bas et non pas la régenter d’en haut, substituer en un mot aux consistoires les synodes et les presbytères, tel est aujourd’hui le noble rêve de la véritable Allemagne, et à Berlin, plus encore qu’ailleurs, il s’est expressément manifesté.

L’église prussienne a subi de si nombreuses vicissitudes qu’elle est peut-être moins capable qu’aucune autre église protestante de résister à ce mouvement national. Partagé d’abord entre les administrations provinciales (Riegierungen) et les consistoires ; le gouvernement des choses de religion perdit même tout caractère ecclésiastique de 1808 à 1815 ; les consistoires devinrent alors une section particulière de la Regierung sous le titre de députation des églises et des écoles. Emancipés par l’ordonnance du 30 avril 1815, ils perdirent en 1825 la charge de l’instruction publique, et subsistèrent uniquement à titre d’autorité scientifique et morale, toujours rangés jusqu’à certain point dans la dépendance d’une commission administrative des églises et des écoles. Celle-ci, composée de laïques et d’ecclésiastiques, siégeait près de la Regierung dont le chef suprême (Ober-president) avait en même temps la présidence du consistoire. Tel, est le régime qui s’est maintenu jusqu’en 1835 dans la province du Rhin et de Westphalie, jusqu’en 1845 dans les provinces orientales : c’était la suppression plus ou moins absolue de l’église en tant qu’institution particulière et corps distinct Frédéric-Guillaume III avait bien octroyé des synodes, mais ils étaient presque aussitôt tombés en désuétude, Frédéric-Guillaume IV les convoqua de nouveau, et en 1844 ce fut un cri général pour qu’on rendît à l’église une existence propre sans laquelle périssait le sentiment religieux, écrasé pour ainsi dire sous les rouages politiques. L’ordonnance du 17 juin 1844 a transféré au consistoire l’administration ecclésiastique tout entière. La Regierung n’a plus gardé dans son ressort que les détails de police et de matériel, le consistoire a pris en main la direction du personnel ; il n’avait antérieurement que la surveillance des études. Voici maintenant ce qui arrive. Cette agitation d’à présent qui se produit tout, d’abord dans la commune, le premier élément solide de la société spirituelle aussi bien, que de la société civile, ce soulèvement presque général des consciences vient se heurter non plus, contre un corps à moitié laïque tel qu’était la Regierung, mais contre une hiérarchie sacerdotale relevant de la rencontre est bien autrement rude, pour peu que le ministère ait apporté dans la formation des consistoires et le choix des surintendans cet esprit de parti dont il se glorifie ; cet esprit-là est en opposition naturelle