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les résultats probables de la nouvelle situation, je dois remonter aux circonstances qui ont amené la retraite de MM. Van de Weyer et d’Hoffschmidt, dont la courte apparition n’a pas laissé d’ailleurs d’autres souvenirs.

C’est tout un nouveau chapitre à l’histoire des grands effets par les petites causes. Le principal du collège communal de Tournay ayant déplu aux jésuites, et par contre-coup à l’évêque, le bourgmestre et les échevins de la ville, qui sont à la dévotion du clergé, conclurent, il y a près d’un an, une convention qui livrait à l’évêque, et par contre-coup aux jésuites, le droit de pourvoir à la direction de cet établissement. A l’instigation de l’ancien ambassadeur de Belgique en France, le comte Le Hon, qui a réussi à se faire un piédestal politique du modeste fauteuil où les circonstances l’ont relégué, le conseil communal protesta. A son tour, l’opposition de la chambre des représentans s’empara avidement de l’affaire et arracha à M. Van de Weyer, l’un des membres libéraux du cabinet, la promesse d’un projet de loi tendant à résoudre définitivement le point débattu.

Pour tout homme de bonne foi, cette solution était déjà écrite dans l’article 84 de la loi communale, qui classe les professeurs et instituteurs attachés aux établissemens communaux d’instruction publique dans la catégorie des employés dont la nomination appartient aux conseils. Le même article autorise implicitement, il est vrai, les conseils communaux à abandonner ces nominations au collège des bourgmestres et échevins ; mais le soin qu’a pris le législateur de spécifier ce cas de délégation prouve assez qu’il est unique, et que les bourgmestres et échevins ne peuvent pas transmettre, par une seconde délégation, à un tiers les droits qu’ils ont reçus des conseils communaux. L’interprétation contraire bouleverserait toute l’économie de la loi, car les bourgmestres et échevins n’exercent, après tout, le droit de nomination qui leur est délégué que sous la surveillance du pouvoir déléguant du conseil, surveillance impossible à l’égard de l’autorité épiscopale. La convention de Tournay n’était donc qu’un prétexte, En supposant qu’une pareille convention se reproduisît ailleurs, les libéraux, une fois maîtres de la situation, étaient toujours sûrs de trouver dans la législation actuelle le moyen de réprimer ces écarts. Une loi nouvelle, présentée sous les auspices d’une majorité évidemment hostile à l’enseignement laïque, ne pouvait aboutir au contraire qu’à aggraver le mal, à légaliser l’abus. L’opposition ne l’ignorait pas : ce qu’elle voulait en réalité c’est une discussion politique dont le bruit pût réveiller les passions libérales, à moitié engourdies par une trêve de six mois, et qu’il importait de tenir en haleine jusqu’aux élections de 1847. L’opposition visait surtout à compromettre les deux ministres, MM. Van de Weyer et d’Hoffschmidt, dont les antécédens libéraux servaient de chaperon aux