Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/1042

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SCENES DE LA VIE MEXICAINE.




REMIGIO VASQUEZ.




I.

Un charme particulier aux villes du Mexique, c’est l’alignement parfait des rues, dont la perspective majestueuse est presque toujours terminée par les lointains bleuâtres de la campagne. A Mexico surtout, mes regards étaient sans cesse attirés vers les collines qui bornent de tous côtés l’horizon. A l’ouest c’était l’Océan Pacifique, à l’est c’était l’Atlantique qu’il me semblait entendre murmurer bien loin derrière ces montagnes. La première de ces mers me rappelait l’une des époques les plus aventureuses de ma vie, et je ne pouvais oublier que la seconde baignait les rivages de la France. Aussi ne contemplais-je jamais ces collines sans me sentir pris de regrets et de tristesses qui dégénéraient souvent en une sorte de fiévreuse inquiétude. Dans ces dispositions d’esprit, tout devait m’être prétexte pour quitter Mexico. J’avais hâte de secouer l’inaction qui commençait à me peser, et de m’abandonner de nouveau à ces hasards, à ces émotions de la vie errante, qui sont contre la nostalgie le plus sûr des remèdes.

Un soir, en rentrant chez moi, j’appris qu’un étranger était venu pendant mon absence. C’était, avait-il dit, pour une affaire de vie ou de mort ; mais, prié de dire son nom, le visiteur avait obstinément gardé l’anonyme. Il avait cependant, involontairement sans doute, laissé savoir