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sans doute compris les chefs même du mouvement libéral en Toscane, car l’effervescence a fini par se calmer, et il est probable qu’elle n’aura pas de suites plus sérieuses.

Il n’y a eu, en Espagne, aucun changement dans la situation politique ; il y a eu des changemens importans dans le personnel du gouvernement et du palais. Le général Narvaez a, ainsi que nous l’avions annoncé, complété et affermi le succès du parti modéré en donnant au ministère plus d’homogénéité. M. Ros de Olano et le général Cordova, ministres du commerce et de la guerre, et qui faisaient, comme on sait, partie du cabinet précédent, ont été appelés à d’autres fonctions. Le général Narvaez a lui-même pris, avec la présidence, le département de la guerre. Deux portefeuilles sont sans doute réservés à MM. Mon et Pidal.

Le marquis de Miraflores a été créé gouverneur de la maison de la reine. Le titulaire de cette charge sera l’intermédiaire par lequel la reine communiquera ses ordres sur tout ce qui concernera les affaires de sa maison et de son patrimoine ; c’est aussi lui qui proposera à la reine toutes les nominations aux fonctions du palais. M. Martinez de la Rosa, qui a laissé à Paris de si aimables souvenirs, a été nommé à l’ambassade de Rome. Nous avions annoncé que l’ambassade de Londres avait été réellement offerte au général Espartero, et qu’il l’avait refusée. La correspondance échangée à cette occasion entre lui et le général Narvaez a été publiée. Plusieurs journaux ont prétendu que l’ancien régent avait en même temps déclaré son intention d’user des bénéfices de l’amnistie et de rentrer en Espagne ; nous croyons au contraire qu’il a reçu l’avertissement que sa présence en Espagne serait en ce moment considérée comme inopportune, et qu’il s’est montré tout disposé à respecter le vœu du gouvernement de son pays.

Les dernières nouvelles de Grèce ne nous paraissent point, nous devons le dire, très heureuses. La législature hellène perd non pas en discussions, mais en disputes stériles, un temps et des forces qui pourraient être employés plus utilement à l’organisation intérieure du pays et à l’établissement de l’ordre dans la fortune publique. Depuis que la main ferme en même temps que populaire qui maintenait dans la règle ces élémens confus d’un peuple nouveau-né a disparu, le pouvoir a de la peine à trouver une base. Il s’est établi, dès le début de la session, un antagonisme direct entre les deux chambres, et la question n’a pu être tranchée que par un coup d’autorité de la prérogative royale. Le sénat grec a été, comme on sait, composé lorsque les hommes aujourd’hui dans l’opposition étaient au pouvoir ; aussi a-t-il toujours été leur centre et leur point d’appui. M. Coletti, par sa grande influence personnelle, avait pu y conserver encore la majorité, nais il ne l’a pas léguée à ses successeurs. La chambre des députés étant tout entière au ministère, tout l’effort de l’opposition s’est porté sur l’adresse du sénat. Il y a été inséré un paragraphe qui était une censure formelle et très amère des dernières élections, et qui présentait la nouvelle chambre comme le produit de l’intimidation et de la corruption. Le sénat, dans un autre paragraphe, empiétait aussi sur les dispositions de la constitution, qui réserve à la chambre élective le contrôle des finances et de la fortune publique. La chambre des députés, par l’organe de son président, a protesté contre l’atteinte portée à ses prérogatives. De son côté, le roi a refusé de recevoir l’adresse du sénat, Le