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un siècle sous le poids d’une dynastie à faire pardonner aux rois, et d’un principe révolutionnaire à faire amnistier ou à faire trahir aux peuples. »

Qu’aurait à répondre M. de Lamartine, dans la retraite où il a été déjà précipité par les retours de l’opinion publique, mais dont il sort quelquefois encore pour glorifier lui-même, et lui seul, sa politique, si à ce tableau, vrai ou faux, de dix-huit ans qui appartiennent à l’histoire, et que l’histoire jugera, nous opposions trait pour trait le tableau de quatre mois qui, par le mal qu’ils ont fait, valent bien des années ; les traités de 1815 anéantis pour tout le monde, mais continuant à peser sur la France seule du poids de toutes leurs clauses onéreuses ou humiliantes ; la France privée du mérite de sa fidélité à la foi jurée, sans avoir retrouvé la liberté de ses mouvemens, stationnaire et isolée pendant que tout autour d’elle s’unit et se développe, abandonnant l’Orient à un tête-à-tête tranquille entre l’Angleterre et la Russie, disparaissant de la Méditerranée, où ses flottes errent encore sans porter nulle part ni appui ni terreur ; placée, par ses engagemens avec l’Italie, sous le coup d’une guerre à chaque instant imminente qu’elle ne peut ni prévenir ni repousser ; aujourd’hui, par conséquent, en paix sans influence diplomatique, demain peut-être en guerre sans espoir de conquête, considérée par ses plus proches voisins avec l’effroi qu’inspire un malade dont on redoute la contagion, ne pouvant compter ni sur l’élan révolutionnaire, ni sur la force des institutions établies, dans une situation, en un mot, qui rappelle l’année 1799 moins la campagne d’Égypte, et le directoire moins Bonaparte !