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1812 jusqu’en 1855, le pays fut administré par des commissaires royaux qui, dans les comitats remplacèrent, comme au temps de Joseph II,les comtes suprêmes. Pour contenir le mécontentement public, il fallut toute l’habileté du palatin Joseph, son esprit de fermeté et de conciliation, surtout l’influence dont le gouvernement autrichien jouissait alors dans les conseils de l’Europe, et les assurances, souvent répétées dans les décrets impériaux, que ce régime était purement provisoire. Çà et là éclatèrent cependant des résistances partielle. Cette période récente, qu’on appelle interrègne diétal, est déplorée par les écrivains nationaux, qui en parlent comme les juifs de la captivité de Babylone. On a vu avec quelle vivacité et quelle amertume éclatèrent les plaintes et les accusations à la diète de 1825, lorsque le gouvernement autrichien se décida enfin à rentrer dans les voies légales et à convoquer la diète justement signalée sous le nom de diète de la renaissance. On doit dire, en effet, que la nouvelle Hongrie date de la diète de 1825,

Ce fut un vrai parlement de réforme que cette assemblée où brillèrent tant de nobles talens, tant de généreux caractères, où comme aux premiers beaux jours de l’assemblée constituante an France, on accomplissait de grands sacrifices avec l’ardeur que les autres mettent d’ordinaire à les demander. Désormais la féodalité et ses lois bizarres, les rapports compliqués qu’elle entraîne avec elle, ces divisions hostiles et inhumaines entre des peuples vivant sur le même sol, tout cela va être battu en brèche. Partout on réclame le droit commun. La constitution, chose inouïe, n’est pas seulement attaquée par le gouvernement : il y a des patriotes qui osent dire qu’on peut imaginer quelque chose de plus libéral que la bulle d’or, et que si les états réussissent à entraîner la chancellerie de Hongrie dans la voie des réformes, il n’est pas besoin de rêver, comme au moyen-âge, des conspirations et des révoltes. L’esprit moderne a pénétré dans le vieil édifice ; hâtons-nous, cet ancien monde va bientôt disparaître : son organisation si curieuse, ses institutions, sa hiérarchie, tout cela n’existera bientôt plus que dans les vieux livre où nous sommes allé le chercher. On ne veut plus des franchises du moyen-âge ; tous réclament, et pour tous, les liberté des temps modernes. Encore un pays (et il avait résisté long-temps) que la révolution de 1789 conquiert à ses irrésistibles doctrines. De ce moment, la Hongrie entre dans le monde nouveau.

Nous la suivrons dans ces voies plus larges, plus faciles, plus familières à tous. Qu’on nous excuse cependant d’avoir insisté avec quelques détail sur un état passé qui n’est pas bien loin encore, puisque nous l’avons vu de nos yeux, qui nous a intéressé vivement, où nous avons trouvé plus de grandeur dans les caractères, d’énergie individuelle, de