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je reçois ici... Est-ce bien à la monarchie à nous donner des leçons de bonne administration des finances ?... Est-ce bien la monarchie qui a le droit de prétendre que nous ignorons les lois du crédit et des finances, elle dont l’ignorance, l’incapacité complète en finances ont amené la ruine ? » Mais si la France était ruinée le 24 février, comment dire ce qu’elle était devenue le 7 mai, quand M. Garnier-Pagès quitta le ministère des finances ? On a donc oublié que, le 24 février, la monarchie laissait au gouvernement provisoire 200 millions dont il n’a jamais été rendu compte ? L’histoire rapportera à la postérité que le gouvernement républicain a mieux aimé calomnier l’ordre de choses qu’il a renversé, que de dresser le bilan de la monarchie, parce que ce bilan eût été un terrible acte d’accusation contre le désordre et les dilapidations du gouvernement provisoire.

Nous ne prétendons pas que la direction du trésor, sous l’ancien gouvernement, fût inattaquable. Qu’à cette époque M. Thiers et l’opposition de l’ancienne chambre des députés blâmassent le système de l’administration financière, qu’ils combattissent la dette flottante comme exagérée, ou l’excédant annuel de nos dépenses sur nos recettes au budget ordinaire, c’étaient là des accusations discutables, graves, sérieuses, dignes d’être prises en grande considération ; mais qu’aujourd’hui M. Garnier-Pagès, M. Duclerc, M. Goudchaux, tout en proclamant eux-mêmes leur insuffisance, viennent insulter à un passé qui leur fait envie et lui imputent les désastres résultat de leur inexpérience, c’est là une inconséquence, une mauvaise foi dont l’histoire fera justice.

Loin de nous la prétention de donner ici une leçon à M. Goudchaux, puisqu’il ne les aime pas, et qu’arrivé trop tôt au pouvoir, selon ses propres expressions, il demande à être jugé avec indulgence ; mais nous l’engageons dorénavant, dans son intérêt, à ne pas calomnier un passé qui fut pour la France un temps de prospérité et de repos qu’elle redemande à la république.

La première fois que M. Goudchaux parut à l’assemblée nationale, ce fut dans la séance du 15 juin, lors de la discussion sur l’Algérie. Sans s’occuper de la question en elle-même, allant droit aux préoccupations de l’assemblée nationale, qui sentait dès-lors l’importance de sortir de l’impasse dangereux où la création des ateliers nationaux avait placé l’ordre social, M. Goudchaux apporta sa solution, et l’assemblée accueillit le nouveau représentant avec une faveur marquée. On s’en souvient ; le premier, M. Goudchaux eut le courage de dire tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas : qu’il fallait dissoudre immédiatement les ateliers nationaux, qui avaient produit, disait-il, une chose monstrueuse, inconnue jusqu’alors, des ouvriers qui cessent d’être honnêtes. Ce fut là la partie pratique de son discours, et, il faut le dire.