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qu’il n’aurait pas dû perdre. Espérons que la bonne réputation dont nous jouissions dans le monde entier, fruit de trente ans de scrupuleuse loyauté, n’aura pas été détruite par quatre mois de détestable administration.

Nous croyons avoir démontré que d’ici à long-temps il ne faut plus compter sur les secours, soit de la Banque de France, soit d’un nouvel emprunt. La seule voie restante pour créer d’autres sources de revenus serait donc celle des impôts. Or, il nous semble qu’on a demandé à l’impôt tout ce qu’il était possible d’en attendre. Qu’on songe aux malheurs qui ont frappé le commerce et l’industrie par suite de la révolution de février, à la dépréciation énorme de toutes les valeurs mobilières et immobilières, aux sacrifices que chaque classe de la société a dû s’imposer au milieu de la détresse générale, et l’on reconnaîtra, je crois, qu’il faut renoncer à faire d’autres appels à l’impôt. L’économie la plus sévère est donc commandée par la nécessité. Nous prions l’assemblée nationale de méditer sur les chiffres suivans : le budget des dépenses voté sous la monarchie s’élevait à 1,564 millions, y compris 190 millions de travaux extraordinaires ; le budget des dépenses de la république présenté par M. Duclerc, même après avoir supprimé 50 millions de travaux extraordinaires compris dans le budget voté sous la monarchie, s’élève à 1,680 millions, c’est-à-dire dépasse déjà de 116 millions le budget de la royauté. Ajoutez à ce surplus de 116 millions toutes les dépenses à voter encore, même si la paix est maintenue, et qui montaient déjà, le 4 juillet, à 46 millions. Il est donc probable que le premier budget des dépenses de la république surpassera de 200 millions le budget voté sous la monarchie, malgré l’énorme réduction faite sur les travaux extraordinaires, la suppression de la liste civile, et malgré des réformes plus ou moins bien entendues dans l’administration. Est-ce donc là le gouvernement à bon marché tant promis, sous le dernier règne, par les républicains de la veille ? Si les résultats financiers de la première année de la république sont une augmentation dans la dette de 40 millions de rente[1] et une augmentation dans le budget des dépenses de 200 millions, le peuple français n’aura-t-il pas quelque droit

  1. ¬¬¬
    Consolidation de dépôts des caisses d’épargne... 20,400,000 fr.
    Moins : Rentes appartenant aux caisses d’épargne et annulées environ 10,000,000 fr.
    10,400,000 fr.
    Consolidation des bons du trésor 13,400,000 fr.
    Emprunt en 5 pour 100 13,100,000 fr.
    Pour le rachat du chemin de fer de Lyon 3,000,000 fr.
    Total 39,900,000 fr.