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d’appeler un droit, celui de condamner à la prison et à la pauvreté tout doyen ou chapitre qui refuserait d’obéir à un pareil mandat : mais il n’y a pas de statut qui ait la puissance de forcer l’exécution du mandat lui-même, il n’y en a pas qui puisse forcer un honnête et consciencieux chapitre de nommer, et un honnête et consciencieux prélat de consacrer aux fonctions d’évêque un homme comme celui que je viens de qualifier.

«Arrêtez-vous, milord, pendant qu’il est encore temps. Ne poursuivez pas votre téméraire expérience. Les liens de votre fameux statut se briseront comme des liens d’osier, si vous voulez vous en servir pour enchaîner le plus fort des hommes forts, celui qui est armé d’une force intérieure contre les attaques faites à son église. »

L’évêque d’Exeter terminait en ces termes :

« Milord, ne croyez point que je sois un de ceux qui, si cela était en leur pouvoir, voudraient dépouiller la couronne de sa part de suprématie légitime, particulièrement de sa juste et chrétienne influence dans la nomination des évêques, influence que je crois nécessaire à la paix et, par conséquent, à l’efficacité de l’église. Que la couronne continue à les nommer, mais qu’elle exerce ce droit, que presque tous les ecclésiastiques réfléchis désirent la voir garder, qu’elle l’exerce avec précaution, avec discrétion, avec un juste respect pour les sentimens et la conscience de tous ceux qui y sont intéressés. Soyez-en sûr, milord, les laïques qui ont signé la remontrance vous ont dit une salutaire et profonde vérité, en vous disant que la nomination aux évêchés vacans est une très délicate en même temps qu’une très importante partie de la suprématie royale. »

Il y avait encore, à la lettre de l’évêque, un post-scriptum ; pendant qu’il avait la plume en main, le belliqueux prélat prit la défense des laïques et répondit pour eux. Lord John Russell avait parlé des défections qui s’étaient faites dans l’église ; il avait sévèrement caractérisé le décret de l’université et le manque de charité de ceux qui avaient signé la remontrance ; c’est à cela que l’évêque d’Exeter répondait :

« Je crois de mon devoir de déclarer à votre seigneurie que, si cette nomination s’était accomplie sans résistance et sans remontrances, je sais qu’il y aurait eu une nouvelle et plus déplorable et bien plus nombreuse défection au sein de notre église, qui aurait semblé tacitement acquiescer à sa propre dégradation, et pour ainsi dire se désecclésiasticiser (unchurched itself). Il vous plaît d’appeler le décret de l’université d’Oxford un procédé indigne. Sans vouloir contester à votre seigneurie, comme individu, le droit de condamner un acte public, je puis cependant me permettre de dire que je ne vois pas la convenance (pour ne pas me servir d’un mot plus fort), pour un ministre de la couronne, de signaler ainsi publiquement et officiellement à l’indignation un décret solennel d’un des corps les plus instruits et les plus