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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 septembre 1848.

Nous avons du goût pour l’autorité du général Cavaignac, un goût suffisant ; nous avons de l’attachement pour la république, un attachement raisonné : la monarchie s’est perdue parce qu’elle en voulait un autre. Voilà notre profession de foi, et, dans les termes où nous la donnons, elle est vraiment très sincère. L’orthodoxie étant de rigueur, nous ne déclinons que le fanatisme, et, pourvu qu’on nous permette de n’être pas fanatiques, nous consentons à nous avouer orthodoxes. Nous prions seulement qu’on nous tienne compte de cet acte d’adhésion et d’amour, et nous plaçons sous le bénéfice de ces observations préalables les réflexions courantes que pourraient nous inspirer les personnes et les choses dans l’état nouveau de nos affaires. On s’inquiétera peut-être de nous voir inscrire en tête de ces pages fugitives un prologue aussi solennel. Il y a d’honnêtes gens qui se signent quand il tonne ; c’est une façon de rappeler à la foudre qu’elle ne doit pas les écraser, puisqu’ils sont bons chrétiens. Une précaution si pieuse ne doit pas laisser d’être de ressource en toute espèce d’orages. Il a beaucoup tonné ces jours-ci dans le monde politique : nous nous signons à notre manière.

Sérieusement il n’est point de précautions superflues par le temps où nous vivons, pour peu qu’on veuille dire la vérité, la vérité impartiale et loyale, telle que des hommes de cœur ont besoin de la dire, et des hommes de sens besoin de l’entendre. Ce n’est pas nous qu’on accusera d’être des factieux et de nous plaire aux agitations de la rue ; nous pensons, au contraire, comme M. Thiers l’a si noblement déclaré, nous pensons qu’il faut toujours respecter le gouvernement légal de son pays, — celui d’à présent, puisqu’il est, aussi bien qu’il fallait respecter celui qui n’est plus, la légalité qu’on nous a faite aussi bien qu’il fallait respecter la légalité qu’on nous a brisée. Nous pensons qu’il n’est jamais bon de conspirer,