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La fleur sur la bouche vermeille
Se respire et se reconnaît.

Dans la nacre où le rire brille
La perle revoit sa blancheur ;
Sur une peau de jeune fille
Le marbre ému sent sa fraîcheur.

Le ramier trouve une voix douce,
Écho de son gémissement ;
Toute résistance s’émousse,
Et l’inconnu devient l’amant.

Vous devant qui je brûle et tremble,
Quel flot, quel fronton, quel rosier,
Quel dôme nous connut ensemble,
Perle ou marbre, fleur ou ramier ?


LE POÈME DE LA FEMME

 

(Marbre de Paros.)


Un jour, au doux rêveur qui l’aime,
En train de montrer ses trésors,
Elle voulut lire un poème,
Le poème de son beau corps.

D’abord, superbe et triomphante,
Elle apparut dans son éclat,
Traînant avec des airs d’infante
Un flot de velours nacarat ;

Telle qu’au rebord de sa loge
Elle brille aux Italiens,
Écoutant passer son éloge
Dans les chants des musiciens.

Ensuite, en sa verve d’artiste,
 Laissant tomber l’épais velours,
Dans un nuage de batiste
Elle ébaucha ses fiers contours.