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contre 171 adoptèrent cette disposition. — Le vicaire de l’empire sera irresponsable (372 voix contre 175). — Le vicaire de l’empire sera nommé par l’assemblée (403 voix contre 135. Applaudissemens prolongés dans les galeries) — La diète sera dissoute aussitôt après l’installation du pouvoir central (510 voix contre 35). — Enfin, l’ensemble de la loi fut adopté par 450 voix contre 100. — Sur les cent membres qui repoussèrent la loi, soixante dix environ appartenaient à la gauche et une trentaine à la droite. Les uns, tels que M. le baron de Vincke, n’admettaient pas que l’organisation de l’autorité centrale pût être faite sans les gouvernemens ; les gens de la gauche, au contraire, M. Ruge et ses amis, se refusa à consacrer un pouvoir irresponsable, le peuple seul, disaient-ils, étant vraiment souverain. Plusieurs membres de la droite, et entre autres M. de Radowitz, expliquèrent à la tribune comment ils avaient voté la loi : c’était sous la réserve expresse que les cabinets y donneraient leur assentiment. Malgré ces protestations et ces réserves, la majorité avait été considérable ; on avait fait les premiers pas dans la voie de l’unité, et il ne restait plus qu’à nommer le chef du nouveau pouvoir, le vicaire de l’empire d’Allemagne. C’est le lendemain 28 juin que ce grand acte devait être accompli.

Il y avait alors, je l’ai déjà dit, un homme vers qui se tournaient toutes les pensées, depuis que le projet d’un directoire était abandonné de l’opinion. Membre de la maison d’Autriche, fils et frère des deux derniers empereurs d’Allemagne, l’archiduc Jean représentait pour beaucoup d’esprits la vieille dignité impériale. Investi d’un pouvoir tout nouveau, il serait aussi, disait-on, l’héritier le plus direct de l’ancienne Allemagne. La chaîne d’or interrompue depuis 1806 allait se renouer et s’agrandir. L’empire germanique s’était éteint avec François II ; il renaîtrait jeune et vivace, avec son frère l’archiduc Jean. En même temps qu’il représentait si bien la tradition, l’archiduc était mieux disposé que personne à régénérer le vieil empire, en acceptant le baptême de la démocratie. L’unité allemande était le plus cher de ses rêves. Né le 20 janvier 1782, l’archiduc Jean avait traversé dignement les plus mauvais jours de son pays. Bien jeune encore, il s’était distingué par son enthousiasme patriotique, et son amour du progrès libéral. Il avait parcouru toutes les provinces de la monarchie autrichienne, étudiant partout le caractère et les besoins des populations diverses s’occupant de réformes, devenant enfin l’espoir du peuple et le centre de toutes les tentatives généreuses. Ses lettres à Jean de Muller, écrites de 1804 à 1806, révèlent tous les nobles sentimens qui fécondaient son ame : ce n’était pas l’esprit autrichien, c’était l’esprit allemand qui l’inspirait. Au moment de la plus grande division de la patrie, au moment où l’empire d’Allemagne, moins affaibli par les victoires de Napoléon que par les hostilités de ses membres, allait infailliblement