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LE LENDEMAIN DE LA VICTOIRE

LE CONCIERGE.

Citoyens, voici la clé. Si vous aviez vu la mine de l’aristo, vous auriez trop ri.

GRIFFARD, à Simplet.

Va aux vignes, camarade, pendant que je ferai le guet, et laisses-en pour les autres.

SIMPLET.

Mais la consigne…

GRIFFARD.

Allons donc ! Tu veux être libre, et tu n’oses pas boire un coup. (Simplet sort avec le concierge. Griffard siffle. Furon paraît.) Comment ça va-t-il dans la rue ?

FURON.

Tout doucement. Il n’y a point de résistance et on ne fait rien. Les meubles ont été entassés tout fermés sur la barricade. Le préjugé règne encore. L’infâme capital est respecté.

GRIFFARD.

Tu t’es chaussé cependant ?

FURON.

Oui, j’ai réservé quelque chose aussi pour attacher mes chemises, quand j’aurai mes chemises. Ça ne vaut pas la peine d’en parler.

GRIFFARD.

Et Rheto ?

FURON.

Il fait le beau ; mais, au premier coup de fusil, je suis sûr qu’il ira insurger une rue plus tranquille.

GRIFFARD.

C’est bien. La cave est ouverte. Fais circuler cette nouvelle adroitement, et tiens-toi prêt. Nous donnerons tout à l’heure une première chasse à l’infâme capital.

IV.
Au premier étage.
LA COMTESSE.

Grand Dieu ! qu’allons-nous devenir ?

LE COMTE.

Rassure-toi, ma chère, nous en serons quittes pour quelques bouteilles de vin bues et pour quelques carreaux brisés. Le peuple ne cédera pas aux conseils des bandits qui voudraient mettre la ville au pillage.

LA COMTESSE.

Ceux que nous avons ici paraissent bien méchans.

LE COMTE.

Non, ce sont des ivrognes. Duflot, le concierge, est allé avertir leur chef.

LA COMTESSE.

Et Valentin, notre fils, pourquoi ne l’avons-nous pas vu ? Où est-il ?