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LE LENDEMAIN DE LA VICTOIRE

GRIFFARD.

C’est un jésuite.

FURON.

Je ne trouve rien dans ce secrétaire.

GRIFFARD, il examine le secrétaire et pousse un ressort. Un tiroir s’ouvre.

Tiens, c’était bien difficile ! Si tu ne sais pas travailler, dis-le ; je te ferai donner une position politique.

FURON.

Des philippes, des hercules ; un joli magot !

SIMPLET, qui s’est occupé à ranger les deux cadavres, regarde avec étonnement Griffard, Furon, Requin et leurs compagnons.

Eh bien ! qu’est-ce que vous faites donc là, vous autres ?

REQUIN.

Parbleu ! nous volons.

SIMPLET.

Comment, vous volez ?

GRIFFARD.

C’est-à-dire nous mettons en sûreté les biens des ennemis de la patrie pour les distribuer suivant la loi de la fraternité et de l’égalité. Tu auras ta part.

SIMPLET.

Je n’en veux pas.

GRIFFARD.

Eh bien ! nous la garderons.

SIMPLET.

Vous êtes des voleurs !

GRIFFARD.

Autrefois peut-être ; mais, maintenant tout est à tous.

SIMPLET.

Vous êtes des filous, vous déshonorez la victoire du peuple. Je vais vous faire arrêter.

REQUIN.

Qu’est-ce que c’est que cet imbécile-là ? Il n’est donc pas des nôtres ?

GRIFFARD.

C’est un jobard que j’ai mal jugé. (À Simplet :) Ah çà ! tais-toi, et prends garde à toi.

SIMPLET.

Filous ! filous ! galériens ! vous serez fusillés tout à l’heure sur la barricade.

GRIFFARD.

Tu vas être fusillé tout de suite, et ici. (Il décharge sur lui son pistolet.) Décorez-le de pièces à conviction.

GUYOT ET QUELQUES HOMMES.

Qu’y a-t-il ?

GRIFFARD.

Un misérable qui déshonorait la victoire du peuple. Il faut le placer dans la rue, avec un écriteau sur lequel on lira : Voleur.

GUYOT.

Non ! ça nous fera deux cadavres ; nous n’en avons pas dans ce quartier-ci.