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ainsi en présence d’un pays bouleversé qui demandait son saint aux législateurs de Saint-Paul. La discussion va commencer bientôt. Après les émotions inévitables qui ont suivi l’émeute du 18 septembre, après de tumultueuses séances consacrées à la mise en accusation de plusieurs députés de la gauche, l’assemblée a repris assez paisiblement ses travaux. Le ministère, renversé par une coalition de hasard, a été reconstitué, pour ainsi dire, par le danger public ; le vote du 5 septembre l’avait vaincu, l’attentat du 18 l’a ramené triomphant. M. Heckscher seul n’en fait plus partie ; son ardeur inopportune, la témérité agressive de son esprit, les haines qu’il a soulevées, causeraient des embarras sérieux que ne compenserait pas suffisamment l’énergie de sa parole. C’est M. de Schmerling, ministre de l’intérieur, qui est provisoirement chargé des affaires étrangères. Quant aux partis de l’assemblée, désorganisés un instant par la discussion du Schleswig-Holstein, ils se sont reformés et disciplinés dès le lendemain de l’émeute ; les différentes fractions du centre ont senti le besoin d’une alliance plus étroite ; elles se souviennent du 5 septembre, et ne veulent plus ouvrir la brèche par où pénétrerait la gauche. Seulement, ces bonnes dispositions sont-elles durables, et les espérances des esprits sages seront-elles justifiées ? Sur ce point, hélas ! il faut s’attendre à bien des mécomptes. Les députés de Saint-Paul sont sollicités tour à tour par deux mobiles contraires ; tantôt ce sont les opinions politiques, tantôt ce sont les passions nationales. Or, quand les passions nationales s’emparent des cœurs allemands ; la bannière politique est abandonnée sans regrets. N’a-t-on pas vu M. Dahlmann et ses amis préparer la victoire de la gauche, renverser le ministère de l’empire, rallumer l’incendie démagogique du nord au sud de l’Allemagne pour cette misérable affaire des duchés danois ? Que sera-ce lorsque la Prusse et l’Autriche seront aux prises, lorsque les questions de peuple à peuple viendront jeter un nouveau trouble dans les débats du parlement ! Combien de fois les partis seront entièrement renouvelés par des désertions soudaines ou des accessions inattendues ! Au milieu de quelles difficultés enfin, au milieu de quels désordres s’accomplira l’œuvre périlleuse dont la discussion va s’ouvrir !


II

Le travail du comité de constitution fut soumis à l’assemblée nationale le 18 octobre 1848. Ce comité, élu cinq mois auparavant, dans la séance du 25 mai, était composé de trente membres. C’étaient MM. d’Andryan, de Beckerath, Beseler, Bassermann, Dahlmann, Droysen, Detmold, Deiders, Ahrens, Henri de Gagern, Max de Gagern, Jurgens, Robert Blum, de Muhlefeld, Lichnowsky, Robert Mohl, Pfizer, Hergenhahn,