Pardine ! il avait démoli l’autre. Va dans son toit à porcs, tu trouveras encore les marbres de l’autel. (Les femmes baissent la tête en pleurant.)
Que n’ai-je mon fusil !
Et la ferme, à qui était-elle ? Aux moines. Combien lui a-t-elle coûté ? Ce qu’elle nous coûte.
Nous partageons en frères. Il avait pris tout pour lui seul.
J’ai payé la terre, mais je n’avais pas payé le crime ; maintenant, je le paie. Vous paierez le vôtre, et bientôt. (À son fils.) Gervais, mène-moi là-bas, sur ce fumier.
Pourquoi, mon père ?
C’est là que le prieur est mort, âgé comme je le suis. Moi, je riais à cette fenêtre, la bouteille en main ; lui, râlait sur ce fumier. Il me dit que j’y viendrais à mon tour. Conduis-moi.
Non, mon père.
J’irai donc tout seul. (Il se dirige en chancelant vers le fumier, l’atteint, tombe et meurt, la main tendue vers la maison. Les fenêtres se ferment.)
Écoute, garçon. Tu vois, ils ont tué ton grand-père, ils prennent ma maison, qui devait t’appartenir. Nous étions les plus aisés de la commune ; nous voici à la besace. Je vais emmener les femmes. Toi, tu resteras ; tu te cacheras par là dans les halliers, et tu reviendras à la nuit. Ils seront encore à boire notre vin. Tu attendras qu’ils soient soûls tous ; tu rentreras alors. Sans faire semblant de rien, tu fermeras à clé toutes les portes et puis tu iras dans la grange, au grenier, dans l’écurie, dans l’étable…
Et je mettrai le feu, pas vrai ?… Oui, père,… et je le mettrai aussi aux meules sous le vent, et j’ouvrirai aussi l’écluse pour qu’il n’y ait pas d’eau, et je couperai la corde du puits, et je lâcherai les chiens sur ceux qui pourraient s’ensauver. Et si tu veux m’attendre aux quatre ormes, je t’apporterai bien ton fusil, va, pour tuer les gens de Bromeil, lorsqu’ils viendront avec leur pompe.
IV.
Dans l’ouest. — Un village.
Allons, femme, voici l’heure. Nos hommes vont se réunir ici pour se rendre