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M. Morse avait d’abord place les fils conducteurs de son télégraphe sous terre, en les enveloppant d’une substance isolante. Plus tard on eut l’idée heureuse de disposer ces fils le long de la voie des chemins de fer, en les soutenant à l’aide de poteaux. Cette disposition si avantageuse a été depuis adoptée pour la plupart des télégraphes électriques. Voici dès-lors comment le fil est élevé et soutenu. Des poteaux en bois, solidement plantes sur les bords du chemin de fer, à la distance de vingt ou trente mètres, soutiennent et isolent le fil à la hauteur de deux à trois mètres au-dessus du sol. Sur les poteaux sont placées des plaques isolantes en porcelaine ou en terre cuite, sur lesquelles passe le fil, et qui sont protégées contre la pluie par de petits toits de zinc ; car, s’il arrivait que les poteaux fussent mouillés et que les supports isolans le fussent aussi, l’isolement serait imparfait, il s’établirait des courans dérivés, et il faudrait des piles beaucoup plus fortes pour conserver au courant principal une intensité suffisante. De cinq cents mètres en cinq cents mètres, on place des poteaux plus forts, que l’on appelle poteaux de traction, sur lesquels on établit des espèces de cabestans propres à tendre le fil et à prévenir de trop grandes inflexions.

Les télégraphes électriques construits depuis quelques années n’ont qu’un seul conducteur, l’expérience ayant démontré que le sol peut fonctionner comme conducteur de pile et servir à compléter le circuit. On fait donc entrer la terre dans le circuit : il suffit pour cela de placer l’extrémité du fil conducteur à la station extrême en contact avec un des rails du chemin de fer ; l’électricité revient à la pile par le conducteur naturel que forme la terre[1].

Telles sont les dispositions générales des télégraphes construits en Amérique par M. Morse, et qui fonctionnent sur la plupart des chemins de fer des États-Unis La télégraphie électrique occupe aujourd’hui sur les rails-ways de ce pays une étendue totale de mille milles anglais (1,200 lieues de France environ). Elle relie le golfe de Mexico aux forêts du Canada. Voici, d’après M. Morse, l’ensemble du réseau américain déjà réalisé, et qui s’étend chaque jour :


D’Albany à Buffalo 350 milles
De New-York à Boston 220
De New-York à Albany 150
De New-York à Washington 230
De Washington à Baltimore 40
De Baltimore à Philadelphie 97
De Philadelphie à New-York 88
De New-York à New-Haven 84
De New-Haven à Hartford 30
De Hartford à Springfield 20
De Springfield à Boston 98
D’Albany à Rochester 252
1,659 milles
  1. Dans les télégraphes où cette disposition n’est pas adoptée, il faut un fil d’aller et un fil de retour, et ces deux fils ne doivent ni se toucher ni communiquer entre eux. On les dispose alors sur les supports isolans, l’un au-dessous de l’autre, à une distance de 30 ou 40 centimètres.