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a purifié le budget des recettes ; mais combien d’autres compensations ne pourrions-nous pas citer encore ! Dans les contributions indirectes 30 millions sacrifiés en 1830 sur les droits des boissons, sacrifice moins regrettable si le consommateur et le producteur en eussent recueilli le prix ; dans les douanes, des dégrèvemens sur les fontes brutes, sur les houilles, sur l’huile d’olive, sur les laines, etc., etc. : on trouvera le détail et les effets de ces réductions dans un excellent mémoire, plein de renseignemens précieux et de solides appréciations, publié par M. Laplagne en réponse aux rapports de M. Garnier-Pagès. Nous nous contenterons de citer cette conclusion remarquable d’une comparaison minutieuse entre les budgets des recettes de 1829 et de 1846 : « Ainsi les contribuables en 1846, soumis aux taxes et aux tarifs d’impôts existant en 1829, auraient eu à supporter un sacrifice plus considérable que celui qui est résulté pour eux des modifications introduites dans ces taxes et ces tarifs[1]. »

Et cependant, de 1831 à 1848, une hausse rapide a élevé, d’année en d’année, les recettes ordinaires des budgets. Laissons à l’écart les contributions directes, dont le produit a été principalement grossi par des centimes additionnels ; ne voyons que les revenus indirects, qui n’ont reçu d’accroissement que de l’accroissement même des consommations. Quel magnifique développement de la richesse publique ! La restauration se vantait à bon droit d’avoir porté, en quatorze ans, de 397 à 583 millions, le produit des contributions indirectes : combien cette progression a été dépassée par la monarchie de 1830 ! En 1831, la crise politique et le dégrèvement de l’impôt des boissons avaient réduit de 59 millions les revenus indirects ; une plus-value de 304 millions a été le fruit des seize années qui ont suivi. La même sève de prospérité a vivifié toutes les branches de ce revenu. Admirable alliance de la richesse du trésor et de celle du pays ! Les capitaux nouvellement créés par l’épargne ou par le travail cherchent un emploi dans les placemens hypothécaires ou fonciers : leur existence se révèle par les produits croissans de l’enregistrement et du timbre[2]. L’extension des affaires crée des relations nouvelles et développe les correspondances : les produits de la poste participent à ce progrès[3]. L’activité du commerce et de l’industrie multiplie les salaires pour les classes laborieuses et les jouissances pour les classes aisées : des importations plus considérables grossissent le revenus des douanes[4].

  1. Mémoire de M. Laplagne, page 86.
  2. De 1831 à 1847, les produits de l’enregistrement et du timbre se sont élevés de 146,414,000 fr. à 265,482,000 fr.
  3. De 1831 à 1847, les produits de la poste se sont élevés de 33,340,000 fr. à 53,287,000 fr.
  4. De 1831 à 1846, les produits des douanes se sont élevés de 97,076,000 fr. à 162,000,000 fr.