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de prévoir que la couronne de Rodolphe de Habsbourg serait déférée au petit-neveu de Frédéric-le-Grand. Une transformation si grave allait-elle s’accomplir sans résistance ? La Prusse était-elle assez forte pour s’emparer hardiment de la suprématie, et l’Autriche avait-elle trop à faire en Hongrie pour s’opposer aux entreprises de sa rivale ? Non, l’antagonisme du nord et du midi de l’Allemagne ne pouvait s’effacer si aisément, et, quelle que fût la faveur des circonstances, ni la Prusse n’avait assez d’audace, ni l’Autriche n’éprouvait d’assez graves embarras pour que les décrets du parlement de Francfort obtinssent un pacifique triomphe. Ce fut, au contraire, dans l’intervalle des deux lectures, une longue série d’escarmouches entre le cabinet de Vienne et le cabinet de Berlin, guerre de notes, de circulaires, vivement et brusquement échangées. Dans sa note du 23 janvier, le ministère de Frédéric-Guillaume IV évitait de se prononcer ouvertement. Attentif à ne blesser ni le cabinet autrichien, ni les députés de Saint-Paul, il témoignait peu de sympathies pour l’idée d’un empire, tout en déclarant que la Prusse, même au prix des plus grands sacrifices se dévouait aux intérêts de la patrie commune. À ces hypocrites paroles, le ministère Schawarzenberg opposait une réponse d’une netteté singulière ! « Il n’y a pas à hésiter, disait la note du 4 février ; il est impossible de convertir l’Allemagne en un seul état, il est impossible de vouloir soumettre les grandes puissances de ce pays à une centralisation qui les annulerait. L’Autriche, pour sa part, ne se subordonnera jamais à une autorité centrale, quel qu’en puisse être le chef. » Le cabinet autrichien faisait ensuite ressortir avec force tous les inconvéniens de cette unité absolue rêvée par les politiques de Francfort. Il n’avait pas de peine à démontrer que les intérêts, les mœurs, les croyances, l’histoire entière es différens peuples de la mère-patrie, opposaient à ces fantaisies insensées d’insurmontables obstacles, et n’était pas seulement au nom de l’Autriche, c’était au nom de toute l’Allemagne que le ministère Schwarzenberg repoussait la création d’un empire unitaire. N’offrait-il aucune compensation au patriotisme germanique ? Il lui offrait en perspective une Allemagne bien autrement grande que celle dont on s’occupait à Francfort. « Dans le plan de l’Allemagne, tel que le proposerait le gouvernement de sa majesté impériale, — c’est la note qui s’exprime ainsi, — il y a place et pour tous les états allemands et pour toutes leurs possessions non allemandes. Le gouvernement de sa majesté ne craint pas que l’union plus intime de l’Allemagne et des possessions non allemandes de l’empire d Autriche soit pour la patrie une cause de divisions et de luttes entretenues par l’esprit de race ; il y voit, au contraire, d’un côté et de l’autre, une source d’inappréciables bienfaits. Si de grandes difficultés, sans doute, s’opposent à l’exécution de cette pensée, ce ne sont pas des