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traite de deux membres, M. Wichers, ministre de la justice, et M. le vice-amiral Ryck ; ministre de la marine, placé d’ailleurs entre la nécessité de se dissoudre ou de dissoudre les chambres, le cabinet a pris le parti le plus sage : il a offert sa démission au roi. Cette démission a été acceptée ; seulement le roi a chargé M. Lightenvelt, ministre des affaires étrangères, et Donker Curtins de l’aider de leurs conseils pendant la durée de la crise. MM.  Lightenvelt et Donker Curtins se sont d’abord adressés à deux des membres les plus influens du parlement, MM.  Thorbecke et Storm. Selon toute apparence, le nouveau cabinet, qui se forme sous l’influence de M. Thorbecke, sera bientôt constitué.

Dans un paragraphe de l’adresse en réponse au discours du trône, la seconde chambre a exprimé son désir très vif de voir se rétablir promptement l’accord entre le parlement et les conseillers de la couronne. En présence de ces dispositions nettement exprimées, l’avènement d’un nouveau ministère ne saurait se faire attendre. Il faut rendre cette justice aux ministres sortans : c’est que, s’ils n’ont pas résolu avec la fermeté nécessaire les difficultés politiques de leur situation, ils lèguent du moins à leurs successeurs les finances du pays dans un état florissant. Même après l’annonce de la retraite du cabinet, M. le ministre des finances Van Bosse a dû, en vertu de la constitution, présenter le budget de 1850. Son discours est d’une éloquente simplicité. M. Van Bosse a fait ressortir l’heureux privilège de la Hollande, qui, préservée du fléau des agitations intérieures, a pu travailler paisiblement au maintien de sa prospérité matérielle. Le budget des dépenses qu’il propose pour l’exercice prochain est de 69,996,411 florins ; celui des recettes, de 71,194,969 florins. Il y aurait donc un excédant de 1,200,000 florins. Reste à combler le déficit du service de 1848 ; reste aussi à établir une nouvelle assiette d’impôts pour satisfaire à des vœux dont l’opposition s’est faite depuis long-temps l’organe. M. Van Bosse n’a pas voulu engager son successeur sur ces deux points ; ce sont donc là deux difficultés qui restent entières, mais il n’est guère probable qu’en ce qui touche du moins la réduction des impôts, on puisse s’écarter beaucoup de la politique qu’il a suivie, et, en somme, le dernier ministère laisse au pays le souvenir d’une bonne gestion financière.




LE CHEMIN DE FER DE PARIS À AVIGNON ET L’EMPRUNT


Les questions financières sont, à cette heure, les plus graves et les plus urgentes de notre situation. Un budget en déficit, le système de nos impôts ébranlé, des impôts nouveaux à créer, d’immenses travaux publics à terminer, notre industrie et notre commerce à faire sortir d’un désastreux chômage, de toutes parts des intérêts matériels d’une importance énorme éveillés et dans l’attente, voilà des préoccupations suffisantes pour absorber l’assemblée nationale et le pays. C’est la question du pain quotidien posée pour tout le monde, pour l’état, pour l’industriel, pour l’ouvrier. Nous déplorons ce qu’il y a de douloureux dans les nécessités qui forcent le pays tout entier à chercher avec anxiété la solution de ces problèmes. Nous voudrions au moins que cette nécessité pût profiter à l’éducation politique de la, France ; nous voudrions que ce fût pour