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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 4.djvu/340

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SACS ET PARCHEMINS.

QUATRIÈME PARTIE.[1]


Séparateur


X.


M. Levrault était bien malheureux. Il avait vu toutes ses ambitions trahies, toutes ses illusions mutilées, toutes ses espérances hachées menu comme chair à pâtée. Pour sauver sa dignité, il avait fait d’abord bonne contenance ; mais il était tombé bientôt dans une espèce de marasme dont rien ne pouvait le tirer. En perdant son vicomte, il avait perdu le mouvement, la joie, le bonheur de sa vie. Hélas ! ce n’était plus le grand industriel que nous avons connu, toujours en belle humeur, le verbe haut, la face épanouie, remplissant le pays à deux lieues à la ronde du bruit de sa richesse. La foi et la confiance étaient mortes en lui. C’est à peine s’il croyait encore à son importance. Son sommeil, autrefois si paisible, et que visitaient seulement de riantes images, était agité par d’épouvantables cauchemars ; il lui arrivait fréquemment de rêver qu’il vendait du drap rue des Bourdonnais. Si ses nuits étaient mauvaises, ses journées n’étaient pas meilleures. Le comte de Kerlandec et le chevalier de Barbanpré avaient partagé la

  1. Voyez les livraisons des 1er et 15 septembre et 1er octobre.