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SACS ET PARCHEMINS.

CINQUIÈME PARTIE.[1]


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XI.


La Bretagne avait tenu toutes ses promesses : Mlle Levrault était marquise. Quelques mois encore, et le grand industriel se présentait à la cour, appuyé fièrement sur le marquis, son gendre. Le roi l’embrassait et le faisait comte. Le titre de baron ne suffisait plus à l’ambition de M. Levrault. Le comte Levrault ! cela sonnait bien à l’oreille. D’ailleurs, c’était le moins que le beau-père d’un marquis fût comte. Quant à la pairie, ce n’était plus une question, le comte Levrault entrait au Luxembourg comme un âne dans un moulin. Le brave homme se disait bien parfois, en se grattant l’oreille, que le marquis, son gendre, lui coûtait un peu cher ; il se consolait en songeant que c’était de l’argent bien placé, sans compter le bonheur de pouvoir s’écrier chaque jour, à toute heure : La marquise, ma fille ! mon gendre, le marquis !

Si l’on veut avoir une idée du faste et de la magnificence que déploya M. Levrault à l’occasion du mariage de sa fille, qu’on se rappelle les noces de Gamache. La marquise et son fils avaient insisté vainement pour que tout se passât sans éclat et sans bruit. Les fêtes durèrent toute une semaine : il n’y manqua rien que l’amour. Ex-

  1. Voyez les livraisons des 1er et 15 septembre et 1er et 15 octobre.