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comme par ses missionnaires à la propagation du catholicisme, le royaume britannique occupe le cinquième rang. Les Pays-Bas, où chez les catholiques le zèle supplée au nombre, viennent après la Grande-Bretagne. C’est à la lettre sou par sou que ces 3 millions sont recueillis. La souscription à l’Œuvre de la propagation de la foi est, en effet, d’un sou par semaine, et, comme en général les associés sont très pauvres, ce point du règlement est d’une observation forcée pour la plupart d’entre eux. Deux grands conseils, le conseil central de Lyon et le conseil de Paris enregistrent les recettes et dirigent les dépenses. L’œuvre est laïque, et il faudrait presque dire féminine, car ce sont presque partout des femmes qui forment les associés groupés en dizaines, et reçoivent les souscriptions.

Le prosélytisme étant en quelque sorte l’essence même du catholicisme, il y a toujours eu dans l’église plusieurs ordres dont les missions ont été le but unique ou le but principal. Rappeler leurs noms serait superflu ; je n’ai d’ailleurs à m’occuper ici que de l’œuvre de la France catholique dans le temps présent. Les missionnaires français appartiennent presque tous aujourd’hui à l’une des cinq congrégations suivantes : les Jésuites, les Lazaristes, les Missions Étrangères, les Maristes, les prêtres de Picpus. Sur ces cinq congrégations, les quatre dernières ont un caractère français, autant qu’une œuvre essentiellement catholique peut avoir un caractère restreint, c’est-à-dire que, fondées en France, elles y ont conservé leur centre matériel et y recrutent la plupart de leurs membres ; mais, comme tout ce qui tient à l’église, c’est de Rome qu’elles reçoivent leur mission spirituelle c’est la Congrégation de la Propagande, instituée vers l620 par Grégoire XV, qui leur assigne les contrées qu’elles doivent évangéliser. Chaque congrégation, sans être renfermée dans un cadre rigoureusement limité, est surtout appelée à diriger ses efforts sur tel ou tel point : les maristes et les prêtres de Picpus ont l’Océanie ; les prêtres des Missions Étrangères concentrent leur action sur l’Inde, la Chine et les pays tributaires de ce vaste empire : ils y fécondent dix-sept missions où vingt évêques français ont pour collaborateurs cent soixante missionnaires et cent soixante-quinze prêtres indigènes ; les lazaristes, que nous suivrons tout à l’heure au Thibet, possèdent de nombreux établissemens dans le Levant, où, sans eux, on ne connaîtrait plus le nom français, autrefois si respecté ; les jésuites sont représentés à peu près partout ; néanmoins l’Amérique du Nord est aujourd’hui le principal théâtre de leurs travaux : ils y comptent six cent vingt et un religieux.

La tâche des cinq congrégations se poursuit, on le voit, dans des limites en quelque sorte tracées d’avance. Chaque ordre de missionnaires connaît ainsi parfaitement le pays confié à son zèle et dirige les