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ESSAI SUR L'HISTOIRE


DE LA


FORMATION ET DES PROGRES


DU TIERS-ETAT.




LOUIS XIV ET COLBERT. [1]




Louis XIV, avec une rare dignité de caractère, possédait un sens droit, l’instinct du pouvoir et de l’ordre, l’esprit des affaires jusque dans le détail, une grande faculté d’application et une remarquable puissance de volonté ; mais il lui manquait la haute portée de vue et la liberté d’intelligence qui avaient mis au premier rang des hommes d’état Richelieu et Mazarin. Sa résolution d’agir en tout selon la règle du devoir et de n’avoir pour but que le bien public était profonde et sincère, les mémoires qui nous restent de lui l’expriment avec une effusion quelquefois touchante[2] ; mais il n’eut pas la force de suivre toujours la loi morale qu’il s’imposait. En voulant ne faire qu’une même chose de son propre bonheur et du bien de l’état, il inclina trop

  1. Voyez les livraisons du 15 mai et du 1er juin 1846, et celle du 1er mars 1850.
  2. « J’ai toujours considéré comme le plus doux plaisir du monde la satisfaction qu’on trouve à faire son devoir. J’ai même souvent admiré comment il se pouvoit faire que l’amour du travail, étant une qualité si nécessaire aux souverains, fût pourtant une de celles qu’on trouve plus rarement en eux. » (Œuvres de Louis XIV, t. I, p. 105.) - Ibid., t. II, p. 422.