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charges qu’il impose au trésor, d’une large et prochaine réforme. Nous voulons parler des dépenses qu’entraînent l’occupation de l’Algérie et la garde de nos colonies transatlantiques. Bien que les frais de l’occupation algérienne soient réduits, tant par la diminution de l’effectif que par le développement des recettes, de 100 et quelques millions à 75, il y a là une dissipation des ressources et un emploi de forces que la grandeur des résultats ne justifie pas encore et que la nation ne supporterait pas long-temps. Nous occupons depuis vingt ans la Régence, le moment est bien venu de nous assimiler cette contrée par la colonisation. À défaut de colons civils, que l’on, y : établisse enfin, sur le plan que l’Autriche a suivi, des régimens-frontières. Il y a beaucoup à prendre dans les idées du maréchal Bugeaud, idées trop dédaignées par les divers gouvernemens, soit de la république, soit de la monarchie. L’Algérie doit, avec le temps, se suffire à elle-même. Nous en avons fait un embryon d’empire ; les Anglais en auraient déjà fait une colonie.

Quant aux Antilles, que les destructeurs de février ont désorganisées en émancipant les noirs sans préparation, elles ne peuvent plus être pour nous qu’une charge. Déjà la production y est notablement réduite : on n’y ramènera le travail et l’abondance que par l’introduction de cultivateurs d’une autre race, moins ignorante et moins invinciblement attirée vers l’oisiveté ; mais jusqu’à ce que ces faits s’accomplissent, la France, qui veut garder ces postes militaires en face d’un ordre social dans lequel on a semé comme à plaisir ; et multiplié les élémens de trouble, en trouvera l’occupation plus que : jamais onéreuse. Elle y remplira, aux dépens de son meilleur sang et de ses trésors prodigués en pure perte, les devoirs très difficiles que lui a légués le passé.

À défaut de notre état militaire, peut-on raisonnablement se proposer de nouvelles économies dans les services civils ? Examinons. Le service des relations extérieures est porté au budget pour 7,125,700 francs ; il coûtait plus de 10 millions sous le ministère de M. Guizot. La commission du budget, placée en présence du même chiffre en i850, n’a trouvé à glaner là-dessus que 171,000 francs, encore a-t-elle poussé l’économie jusqu’aux premières limites de la désorganisation. L’administration de la justice coûte 26,569,345 francs ; à ce prix, nous obtenons la justice la plus impartiale, la plus intègre et la moins lente de l’Europe. Nul ne propose de réduire le traitement déjà si modeste des magistrats : le premier président de la cour d’appel de Paris, parvenu au, sommet le plus élevé de la hiérarchie judiciaire, en dehors de la cour régulatrice, reçoit du trésor 20,000 francs par année, tandis que le chef des juges, dans la cour du banc de la reine, en Angleterre, malgré une réduction récente de son traitement annuel, touche encore 200,000 francs. La seule économie possible consisterait dans la