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À part cette fâcheuse circonstance, qui n’est pas de son fait, le conseil a montré une activité digne d’éloges. En moins d’un mois, car la véritable session n’a commencé que plusieurs jours après l’ouverture, il a produit une quantité énorme de rapports et pris un assez grand nombre de décisions importantes. Ces décisions ne sont encore que des avis, car le conseil général n’est et ne peut être qu’une assemblée consultative ; mais de pareils avis auront nécessairement un grand poids dans les résolutions ultérieures du gouvernement et de l’assemblée nationale. Les séances générales sont les seules qui aient été publiques ; nous ne rendrons compte que de celles-là. Les séances de comités, moins nombreuses, moins solennelles, n’ont pas été moins actives, mais le résultat qu’elles ont produit se confond avec celui des discussions publiques, qu’elles ont contribué à rendre plus nettes et plus décisives. En général, ce qui a caractérisé toutes ces délibérations, les publiques comme les non-publiques, c’est une grande sobriété de paroles et une promptitude remarquable de résolution. On voyait que ces hommes qui, pour la plupart, ne se connaissaient pas la veille, qui ignoraient six semaines auparavant qu’ils seraient appelés à un semblable examen, et qui se trouvaient saisis comme à l’improviste des questions les plus ardues et les plus délicates, avaient cependant un fonds commun d’études, d’expériences et de réflexions, qui les rendaient propres à prendre leur parti rapidement et en pleine connaissance de cause sur tout ce qui leur était présenté.

Nous devons dire que le gouvernement avait préparé d’avance ce résultat en plaçant sous les yeux du conseil un grand nombre de documens, dont la plupart avaient été recueillis avec un véritable soin. Nous pensons cependant qu’il ne serait pas toujours sage d’en user absolument ainsi à l’avenir. Pour que l’institution du conseil général porte tous ses fruits, il serait à désirer que les questions fussent posées à l’avance, afin que chacun pût les étudier préalablement ; c’est du moins le vœu que nous avons entendu émettre par un grand nombre de membres du conseil. Ce vœu suppose que le conseil général deviendra une institution permanente, se réunissant périodiquement, et composée à peu près des mêmes personnes, comme étaient autrefois les anciens conseils. Le décret du 1er février ne dit pas si telle est, en effet, l’intention du gouvernement, mais nous devons croire qu’il en est ainsi. L’essai qui vient d’être fait doit avoir montré que le conseil général peut être véritablement utile : sur plusieurs points sans doute, il a pris des décisions qui ont paru contrarier le gouvernement ; mais pouvait-on espérer qu’il en serait autrement ? N’a-t-il pas prouvé dans toutes les occasions qu’il était aussi bienveillant qu’indépendant, et a-t-on pu saisir dans quelqu’une de ses délibérations la trace d’une passion quelconque étrangère au débat ? S’est-il jamais montré animé d’un