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REVUE DRAMATIQUE.




HORACE ET LYDIE. - LE CHANDELIER.




Nous avons quatre odes d’Horace adressées à Lydie, la huitième, la treizième, la vingt-cinquième du premier livre, et la neuvième du troisième livre. C’est la dernière qui a servi de thème à M. Ponsard pour l’ouvrage nouveau qu’il lui a plu d’appeler comédie, quoique rien assurément, dans ce nouvel ouvrage, ne soit de nature à exciter la gaieté. Pour bien comprendre la valeur de la donnée choisie par M. Ponsard, il me semble nécessaire de ne pas détacher la neuvième ode du troisième livre des trois odes précédentes adressées à la même femme. Qu’était-ce que Lydie ? Quel âge avait Horace quand il lui adressait les quatre odes qui nous restent ? Ces deux questions, nettement résolues, peuvent nous servir à juger l’œuvre nouvelle de M. Ponsard. Lydie était une courtisane ; mais chacun sait que, dans la Grèce et l’Italie antiques, les courtisanes avaient une autre importance que dans la vie moderne. Quant à l’âge d’Horace, nous le connaissons aussi clairement qu’il est permis de le souhaiter. Les documens abondent, et les commentateurs, qui ont suivi la vie et les travaux d’Horace année par année, établissent très bien que l’amant de Lydie écrivit la huitième ode du premier livre à trente-huit ans, la treizième à trente-neuf ans, la vingt cinquième à quarante-quatre ans, et enfin la neuvième du troisième livre à quarante et un ans. Ces dates, qu’on y prenne garde, ne sont pas inutiles pour estimer l’œuvre de M. Ponsard, car un amant de quarante ans ne ressemble pas à un amant de vingt ans ; et quoique les questions d’archéologie n’aient rien à démêler avec les questions purement littéraires, cependant il n’est jamais hors de propos de comparer la réalité historique avec la fable poétique. Le lecteur désire sans doute savoir pourquoi la vingt-cinquième ode du premier livre ne se trouve pas dans le troisième, puisqu’elle est postérieure de trois ans à l’ode que M. Ponsard a choisie comme thème de son œuvre nouvelle. L’analyse des quatre odes qui nous occupent répond à cette question. La huitième du premier livre est une invective amère adressée à Lydie sur le jeune homme