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y découvre un canal construit pour les eaux et un puits ou réservoir desséché. Dans un ravin qui tourne au nord-est du plateau du palais, on trouve, isolée et sans liaison aucune avec d’autres constructions, une porte semblable à celles que j’ai décrites. Les jambages portent deux bas-reliefs mutilés et méconnaissables. Autour de ces ruines et dans toutes les directions, la montagne conserve les traces des travaux immenses et pénibles qu’il a fallu y exécuter pour en extraire les matériaux qui ont été employés à la construction de tous ces monumens. Par les fûts de colonnes ou les chapiteaux que l’on y trouve ébauchés, on a la preuve que ces diverses pièces d’architecture étaient menées à un degré très avancé d’exécution dans les carrières d’où on les extrayait avant de les transporter sur l’emplacement désigné.

Un jour, étonné de voir la route couverte de cavaliers, je fus prévenu par des goulams qui avaient le verbe haut et les manières hardies que le gouverneur de la province de Fars allait venir visiter les ruines. C’était un châhzadéh, un frère du roi, Ferrhâd-Mirza, qui avait été récemment nommé à la résidence de Chiraz. Il voulait, en passant, visiter les lieux habités autrefois par les princes ses prédécesseurs de vingt siècles.

J’avais vu le châhzadèh à Téhéran, j’avais même été chargé par l’ambassadeur, M. de Sercey, de lui remettre quelques présens ; j’allai au-devant de lui, et nous eûmes bientôt renouvelé connaissance. Je lui fis les honneurs de ces ruines, en lui donnant l’explication de chaque chose par l’intermédiaire de notre goulam, qui correspondait avec moi en langue turque, dont je savais quelques mots. Le prince me parut aussi lettré que peut l’être un Persan. Il n’ignorait aucune des particularités fabuleuses du règne de Djemchid, tel qu’il est raconté par les historiens ou plutôt par les conteurs persans. Il donnait à la plupart des bas-reliefs une explication qu’en sa qualité de bon musulman il entremêlait de réprobations à l’adresse de la religion guèbre, dont il disait avec raison qu’on retrouvait là les traces diaboliques.

Ferrâhd-Mirza s’intéressa à nos travaux, parcourut avec attention nos portefeuilles, et nous exprima son contentement très approbatif en répétant : Khoûb-kaïli-khoûb, c’est beau, c’est bien, très bien. Nous lui offrîmes quelques rafraîchissemens, et il remonta à cheval en nous invitant fort gracieusement à aller le voir à Chiraz. Il redescendit le grand escalier, et pendant long-temps nous pûmes suivre des yeux sa nombreuse escorte qui se déroulait dans la plaine.

Quelques mots sur la constitution des monumens de Persépolis compléteront l’examen détaillé des élégantes et riches sculptures qui les recouvrent. Le même système a été suivi pour l’édification de tous ces palais. De grandes assises d’une pierre très dure, parfaitement appareillées, en forment les parties principales, telles que portes, fenêtres ou