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faire pressentir les résultats probables. Le temps présent semblait peu favorable aux arts, et les voilà tout à coup en veine de prospérité. C’est le bilan de cette situation inespérée que nous voudrions établir sur le terrain des études archéologiques d’abord, et plus tard dans le domine des créations originales.


I

Dans les premiers mois de l’année 1850, le bruit se répandit parmi les artistes et les savans que d’intéressantes découvertes venaient d’être faites dans les catacombes de Rome. On racontait qu’un de nos architectes les plus intelligens s’était livré à une longue et pénible investigation de cette cité souterraine, avait pénétré dans de nouvelles galeries, découvert de nombreuses salles ornées de peintures et de curieux monumens, qu’il avait dessiné et mesuré les unes, calqué les autres, et que le résultat de cette patiente exploration devait apporter de nouvelles lumières tant sur les premiers temps de l’histoire du christianisme que sur les origines de l’art chrétien.

L’intérêt et la curiosité de tous ceux qui s’occupent de l’histoire de l’art étaient éveillés au plus haut degré, lorsque, peu de temps après, M. Perret revint à Paris, rapportant ses précieuses collections. Fama crescit eundo : cette fois, le contraire avait eu lieu ; le fait avait une tout autre importance que ce que la renommée avait pu en raconter. Monumens et fragmens d’architecture, peintures à fresque et sur verre, mosaïques, vases, lampes, inscriptions et symboles gravés sur les pierres sépulcrales des cimetières des premiers chrétiens, M. Perret avait tout recueilli, tout reproduit ; son portefeuille renfermait plus de cinq cents pièces, dont la majeure partie était inédite c’était un véritable trésor d’une valeur inestimable. Cette collection n’était pas seulement précieuse par la quantité des morceaux recueillis, par l’importance de chaque pièce, par la rareté et la nouveauté de plus grand nombre : elle avait été formée avec une méthode qui en augmentait singulièrement la valeur. En effet, M. Perret était parti de France avec un plan bien arrêté, avait suivi un ordre presque rigoureux dans ses recherches, entreprises avec un but déterminé ; enfin il n’avait ni recueilli au hasard ni reproduit légèrement les monumens découverts. Obéissant au mouvement si remarquable qui, depuis quelques années, a remplacé dans les études historiques les conjectures par les faits, et qui veut qu’avant tout on remonte aux origines, M. Perret, tout entier à l’étude de l’histoire de l’art chrétien, avait résolu de remonter dans le passé aussi loin qu’il lui serait permis de le faire, et c’est au fond des catacombes, c’est dans leurs parties encore inexplorées qu’il avait dû rechercher les plus anciens monumens de date certaine.

Les catacombes de Rome se composent, comme on sait, d’une suite