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regards distraits peut-être. Il a fallu d’abord déblayer à grand’peine les degrés du temple presque partout enterrés ou recouverts. C’est alors qu’a été clairement constatée cette règle d’après laquelle l’architecture antique courbait imperceptiblement les lignes principales des temples pour leur imprimer un caractère de suave harmonie. Un second travail mit à nu le soubassement de pierre qui, au sud et au couchant, achève le piédestal naturel du monument, et parmi les décombres apparurent bientôt onze blocs de la frise, cinq des métopes et un du fronton, échappés par miracle à lord Elgin ou à ses agens. L’art avait fait sa moisson ; la science eut aussi la sienne : on recueillit vingt plaques d’inscriptions relatives aux objets consacrés chaque année dans le parvis, l’hécatompédon et le Parthénon proprement dit, et une inscription relative aux fonds qui étaient conservés dans l’opisthodome et qu’on prêtait aux armées pendant la guerre du Péloponèse. Jusque là la société avait tourné en quelque sorte autour du temple ; elle y pénétra en 1842 pour en balayer les matériaux et la poussière de la petite mosquée qui, depuis Morosini, s’était substituée à la cella antique et qui venait de s’écrouler. On déblaya ensuite le péristyle obstrué depuis long-temps, et cette utile opération produisit la précieuse découverte de trois bas-reliefs de la frise d’une parfaite conservation. Deux d’entre eux se suivent et font partie de la procession des chars ; le troisième est un fragment de la cavalcade placée au nord. Dans ces tableaux, les figures d’hommes et de chevaux, probablement improvisées au bout du ciseau dans la pierre, respirent, parlent, se meuvent, et confondent l’esprit par le peu qu’elles semblent avoir coûté aux sculpteurs. L’homme n’atteindra plus à cette facilité de génie qui dessinait en relief, avec du fer, sur du marbre.

Encouragée par ce beau succès, la société archéologique d’Athènes a dirigé ses fouilles du côté méridional encore inexploré, et où le désastre de 1647 avait formé comme un monticule de ruines splendides. Une ferme espérance pouvait seule inspirer le courage persévérant qui a déplacé ces énormes tambours de colonnes empilés les uns sur les autres. Six nouveaux blocs de la frise, dont quatre sains et saufs, ont été le prix de cet effort vigoureux et habile. Pendant que les sculptures reparaissaient une à une, de continuelles restaurations rendaient chaque jour au temple quelqu’un de ses traits effacés. En 1841, deux colonnes avaient été relevées en entier du côté septentrional ; l’année suivante, deux furent portées jusqu’à moitié de leur hauteur, et l’on marqua par leurs tambours inférieurs la place de quelques autres. Enfin le mur septentrional de la cella, reconstruit en grande partie, permet aujourd’hui de concevoir facilement les rapports qui reliaient le péristyle au naos lui-même.

Les Propylées étaient, après le Parthénon, le plus digne objet des soins de l’hétairie. Sa position au front de la citadelle, et du côté le