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LA POESIE ANGLAISE


DEPUIS BYRON.




II. ROBERT BROWNING.


I. — Poems (Œuvres poétiques), 2 vol. post-8°, London, Chapman and Hall.

II. — Christmas-Eve and Easter Day (la Veillée de Noël et le Jour de Pâques), 1 vol. in-8o. London, 1850.




J’aborde une individualité singulière, les uns diraient maladive, d’autres diront merveilleuse, en tout cas une individualité bien propre à embarrasser ses juges. Pour apprécier M. Browning, on est forcé de prophétiser, comme lorsqu’il s’agit d’une religion naissante. Pour donner une idée de lui, les mots font défaut. Il en est de la critique comme du chimiste dont le laboratoire renferme un certain nombre de réactifs qui suffisent pour ses analyses ordinaires ; elle a une sorte de tableau officiel où figurent certains types de qualités, de défauts et de procédés dont le public s’est déjà fait une idée nette, et pour définir un écrivain, elle se borne à indiquer comment il est composé de tels ou tels de ces élémens. Malheureusement avec M. Browning, il est impossible de procéder de la sorte. Ce serait un non-sens, car toutes ses aventures ont eu lieu dans des pays qui ne figurent pas sur la carte. Ce n’est pas en continuant et en perfectionnant qu’il a montré ce qu’il pouvait et ce qu’il était ; c’est en défrichant un coin de l’inconnu, et à son égard il n’y a pas à hésiter : il faut accomplir du même coup deux besognes. Pour le faire connaître, il faut se créer une nomenclature