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Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 11.djvu/882

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UN


VOYAGE AERIEN.




En arrivant à Bruxelles, le 7 juin dernier, après un voyage aérien en trois étapes de Paris à Spa, j’adressai à un ami, dans toute la chaleur de mon enthousiasme, quelques lignes rapides et confuses, lui promettant à mon retour une narration plus détaillée de mes aventures aérostatiques. La publicité donnée à cette lettre par une gracieuse indiscrétion m’a jeté en dehors de ma vie habituelle, et me pousse à une entreprise plus imprudente à coup sûr que mon ascension. À peine avais-je, en effet touché le seuil de ma maison, que je me suis vu assailli de questions toutes aimables et sympathiques, mais dont l’insistance m’a ôté toute liberté d’esprit ; parens, amis, compatriotes ont voulu tenir de moi-même la confidence de mes sensations dans l’espace. En même temps m’arrivait une avalanche de lettres, si bien que, ne pouvant plus suffire à tant d’intérêt et de curiosité, plus fatigué d’un récit sans cesse renouvelé que de l’expédition même, j’ai pris mon courage à deux mains, et je me suis décidé à publier le compte-rendu de ma promenade aventureuse. Je ne suis point un homme de lettres, on s’en apercevra facilement, et je me sers d’une langue qui n’est pas la mienne, bien que je la parle depuis mon enfance. Sincère et sans prétention aucune, je dirai uniquement, simplement si je puis, ce que j’ai vu et ressenti, sacrifiant l’attrait du merveilleux à l’intérêt de la vérité.

J’avais lu avec une avide curiosité le récit des ascensions de MM. Gay-Lussac, Blanchard, et particulièrement de M. le duc de Brunswick en compagnie du célèbre Green ; leurs tentatives audacieuses séduisaient mon esprit. J’étais tourmenté du désir de suivre leurs traces et de pousser une excursion dans les airs plus haut et plus loin qu’on ne l’avait