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intitulé : Chartes de la ville de Mont-de-Marsan. Ces chartes ont été trouvées en 1810 dans les fondations d’un vieux château, où elles avaient été déposées, le 15 août 1400, par Alexandre de Gourgues, maire de cette ville, qui les avait scellées de son sceau. La plus ancienne, en langue romane, porte la date du 10 avril 1140 ; c’est un précis de l’histoire de Mont-de-Marsan dressé par le garde des chartes de la cour comtale de Gascogne, à la requête du vicomte régnant de Marsan, qui voulait, en réédifiant la ville capitale de sa vicomte, transmettre l’histoire de cette ville à ses descendans. Ce document, d’un genre tout-à-fait exceptionnel, tend à constater l’établissement par Charlemagne de la proconsulie de Mont-de-Marsan, en 778, sur les ruines d’un temple dédié à Mars. Si tous les maires ou tous les nobles du moyen-âge avaient eu la même préoccupation des souvenirs historiques, nous saurions bien des choses qui resteront sans aucun doute ensevelies pour jamais dans la sombre nécropole du passé.

La Bourgogne, qui eut, comme la Normandie, un rôle exceptionnel et puissant, se tourne aussi avec un vif sentiment d’orgueil et de curiosité vers un passé plein de grandeur. Dijon, Chalon-sur-Saône, Auxerre, Sens et Autun sont les principaux centres de l’école bourguignonne. L’histoire générale de leur province, ainsi que celle d’un grand nombre de localités plus ou moins importantes, ont été l’objet d’études sérieuses de la part de MM. Garnier, J. Paulet, Mignard, Paul Guillemot, Victor Petit, Quantin, de Surigny, Émile Bessy, Léopold Niepce, Challe, l’abbé Duru, Eugène Millard, de La Cuisine, Roget de Belloguet, A. Barthélémy, l’abbé Laureau, J. de Fontenay et Rossignol. La brochure de M. Rossignol, intitulée Des Libertés de la Bourgogne d’après les jetons de ses états, contient, sous une forme pittoresque et avec de curieuses illustrations, un tableau exact de l’ancienne organisation politique de la province. Cette province, pour tout ce qui touchait à l’administration financière et économique, était régie par des assemblées composées de bons et fidèles administrateurs de la république, qui se réunissaient, comme nos conseils-généraux, à des époques fixes, et qui avaient, comme nos chambres républicaines, une commission de permanence. Chaque année, lorsque la session était terminée, une députation se rendait dans la capitale pour présenter des remontrances au roi. Cette députation, pendant son séjour à Paris, faisait frapper une médaille commémorative connue sous le nom de jeton des états, comitia Burgundiœ. Ces jetons d’ivoire, d’os, de cuivre, de bois, d’argent ou d’or, portaient des devises qui résumaient souvent d’une manière concise et vive le sentiment politique qui dominait les esprits. On passe tour à tour, et quelquefois à peu d’années de distance, du lyrisme monarchique à la formule