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patois d’Auvergne. Les Églises romanes et romano-byzantines du Puy-de-Dôme, de M. Mellay, l’Auvergne au moyen-âge, de MM. Branche et Thibaut, complètent dans cette contrée de la France le contingent de ces quatre dernières années, et si les livres y sont peu nombreux, ils se distinguent du moins par une grande exactitude ainsi que par le soin apporté à la mise en œuvre. L’Art en province, fondé par M, Achille Allier, et suspendu quelque temps à sa mort, reparaît de nouveau à Moulins sous la direction de M. de Montlaur. Cette publication a pour collaborateurs les personnes qui, soit à Paris, soit en province, s’occupent d’une manière assidue de recherches sur l’ancienne France et de littérature archéologique et artistique. MM. Dubroc, de Séganges, Faujoux, Anatole Dauvergne, Hippolyte Durand, de Chennevières, Alphonse Meilheurat, Alary, de Laborde, de Girardot, ont pris à la rédaction de ce recueil une part active. Le reproche le plus grave que l’on puisse adresser à l’Art en province, c’est d’avoir donné à la prose poétique une trop large place, et, tout en rendant pleine justice au zèle éclairé de M. de Montlaur, nous ne pouvons que l’engager à se montrer un peu plus sévère sur ce point.

Malgré l’intérêt de ses annales, qui embrassent une période de deux mille ans, Lyon n’a donné dans ces derniers temps qu’un nombre de publications historiques fort restreint relativement à son importance. Parmi les érudits lyonnais, nous citerons particulièrement MM. de Boissieu, Comarmond, de Terrebasse, Breghot-du-Lut, Artaud, A. Boullée et Fléchet. M. Comarmond, qui a passé la plus grande partie de sa vie à recueillir des antiquités, a formé une collection qui se compose de plus de huit mille objets. Il a publié divers mémoires importans sur des fragmens de statues équestres; la description des objets de toilette d’une dame romaine, les tables de Claude, des recherches sur l’incinération des anciens et sur les avantages de ce mode de funérailles; divers autres mémoires sur les haches dites gauloises, qui, suivant lui, ne sont autre chose que des contre-poids de lances; sur les poudingues qu’on trouve au fond de la Saône, et qui renferment des antiquités romaines; sur la patine antique, etc. Conservateur des musées archéologiques de Lyon, ce savant antiquaire a travaillé depuis 1841 aux catalogues descriptifs de ces musées. Ces catalogues, aujourd’hui terminés, se composeront d’un volume in-4o avec planches pour le musée lapidaire, et d’un volume du même format pour les autres monumens. Le tome premier est imprimé, mais il n’a point encore paru, les événemens politiques ayant fait suspendre l’allocation votée par le conseil municipal. L’auteur, qui avait reçu de M. Villemain, alors ministre de l’instruction publique, la mission de relever toutes les inscriptions du département du Rhône[1], a compris dans son travail non-seulement celles qui se trouvent dans le musée de Lyon, mais aussi tout ce qu’il a pu recueillir dans les livres et sur les monumens qui sont encore dispersés. L’importance politique et intellectuelle de la ville de Lyon sous les empereurs, le grand rôle que cette cité des martyrs a joué dans les premiers temps du christianisme, appellent sur le travail de M. Comarmond l’attention du monde savant, et le nom de l’auteur est une sûre garantie du mérite de ce travail. Il est donc à regretter que la municipalité lyonnaise ne

  1. M. Comarmond donnera incessamment au public un grand ouvrage intitulé : l’Age de pierre, l’Age de bronze et l’Age de fer, où seront représentés les monumens historiques de ces différens âges.