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LA


COLONIE EUROPÉENNE


EN CHINE





SOUVENIRS D’UNE STATION DANS LES MERS DE L’INDO-CHINE.[1]




I.

Après un long voyage à contre-mousson, nous avions jeté l’ancre devant Macao le 4 janvier 1848. Appelée à remplacer la frégate la Gloire et la corvette la Victorieuse, qui s’étaient perdues quelques mois auparavant sur les côtes de Corée, la Bayonnaise atteignait les rivages du Céleste Empire au moment où de graves complications venaient prêter un nouvel intérêt à cette station lointaine. Le traité de Nan-king avait consacré l’admission des étrangers dans les cinq villes maritimes ouvertes au commerce européen: Amoy, Fou-tchou-fou, Ning-po et Shang-haï voyaient les consuls anglais résider au centre de la cité chinoise; mais à Canton la ville intérieure demeurait fermée. aux barbares, et ce n’était même point sans courir quelques dangers que les sujets de sa majesté britannique pouvaient se montrer dans la campagne ou dans les faubourgs. Plus d’une fois ceux d’entre eux qui avaient osé s’aventurer au-delà de l’enceinte des factoreries s’étaient vus en butte aux insultes et aux violences de la population chinoise. Sir John Davis avait succédé en 1844 à sir Henry Pottinger. Lassé du

  1. Voyez les livraisons du 1er septembre et du 15 octobre 1851.