Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pendant quelque temps, qu’une seule préoccupation, celle de savoir si la grace du baptême était conférée avant, pendant ou après l’administration du sacrement. Ceux qui ont pour ce genre de questions un superbe mépris hausseront les épaules ; à ceux qui ont la faiblesse d’y attacher une certaine importance nous demanderons la permission d’entrer dans quelques détails sur la controverse soulevée dernièrement en Angleterre à propos du baptême.

M. Gorham, vicaire dans une paroisse du diocèse d’Exeter, fut, le novembre 1847, nommé par la reine à un autre vicariat dans le même diocèse et dut s’adresser à son évêque pour son installation. L’évêque d’Exeter crut devoir lui faire subir, à cette occasion, un examen sur certains points de doctrine. Les questions posées par l’évêque portèrent principalement sur le sacrement du baptême, et après l’examen, l’évêque refusa d’installer M. Gerbant par la raison qu’il professait des doctrines contraires à la foi chrétienne et aux articles de l’église d’Angleterre. M. Gorham en appela à la cour ecclésiastique nommée Cour des Arches, qui siège à Cantorbéry. L’évêque allégua que M. Gorham niait le principe fondamental du sacrement du baptême, c’est-à-dire la régénération spirituelle contenue dans l’acte même du baptême. La cour prononça contre le vicaire, qui porta sa cause devant le conseil privé. Le comité était composé de lord Lansdowne, président du conseil des ministres ; lord Campbell, lord Brougham, lord Langdale, tous trois dans la catégorie de ce qu’on appelle les law lords ; plus trois légistes, le docteur Lushington, M. Pemberton Leigh et sir Edward Ryan. On y avait appelé aussi les deux archevêques de Cantorbéry et d’York, et l’évêque de Londres.

La doctrine soutenue par M. Gorham était celle-ci : que le sacrement du baptême est nécessaire au salut, mais que la régénération n’accompagne pas nécessairement l’acte du baptême jusqu’à être simultanée avec cet acte ; que la grace peut intervenir avant, pendant et après l’administration du sacrement ; que le baptême est un signe efficace de la grace seulement chez ceux qui sont dignes de le recevoir, et qu’il n’est pas en lui-même un signe efficace indépendamment de l’état de celui qui le reçoit ; que les enfans baptisés, mourant sans péché, sont sauvés, mais que dans aucun cas la régénération par le baptême n’est « inconditionnelle. »

Pour exposer les objections que l’église orthodoxe d’Angleterre oppose à cette doctrine, nous ne pouvons mieux faire que de reproduire ce qu’a dit l’évêque de Londres dans sa lettre pastorale du 2 novembre :


« M. Gorham, dit l’évêque de Londres, va plus loin. Il maintient qu’il peut y avoir des cas où les enfans ne sont pas régénérés dans et par le baptême ;… que s’ils le sont, c’est avant le baptême, par un acte préalable de la grace, de