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sous le sobriquet de Habasch. Ahmed, qui avait étudié dès sa jeunesse les doctrines indiennes fonda la première de ses tables sur le Sindhind, notamment pour ce qui concerne la trépidation des étoiles, phénomène qui est mentionné dans le traité grec de Théon, et qui avait attiré aussi l’attention des brahmanes. La deuxième table, la plus célèbre des trois, était intitulée : La Règle éprouvée (Alkanoun almontanih). Elle était le produit des observations personnelles de Habasch, combinées avec les résultats obtenus jusqu’au temps où il vivait. La troisième table avait pour base les idées prédominantes en Perse lors de l’invasion arabe (637 de Jésus-Christ). La table appelée la Règle éprouvée, pour être distinguée des deux autres du même auteur, fut intitulée aussi le Canon arabe ; en Europe, elle est désignée ordinairement sous la dénomination de Table vérifiée.

Un des astronomes de cette époque dont la réputation s’est étendue depuis long-temps en Occident est Mohammed, fils de Ketyr, surnommé Alfergany (Alfraganius), parce qu’il était natif de Fergana, aux environs du Yaxartes. Alfraganius, parce qu’il natif de Fergana, aux environs du Yaxartes. Alfraganius composa, entre autres ouvrages, un traité élémentaire d’astronomie, rédigé presque entièrement d’après les idées grecques sous le titre de : Livre des mouvemens célestes et ensemble de la science des étoiles. Traduit en hébreu dans le moyen-âge, il passa également en latin. Ce livre, auquel Aboulféda a fait quelques emprunts dans les Prolégomènes de sa Géographie, a cela de remarquable, qu’au lieu d’une simple liste des villes principales connues des Arabes au IXe siècle, avec la mention de la longitude et de la latitude, il présente le tableau du monde, tel qu’on se le figurait alors, divisé en sept climats, c’est-à-dire sept bandes où chaque ville un peu importante a sa place marquée. En sachant le climat d’une ville, on n’avait qu’une idée approximative de sa latitude ; mais on pouvait, par cela même, en déduire la longueur du jour et de la nuit aux diverses saisons de l’année, et cette notion suffisait pour les besoins de la religion. Voilà pourquoi la division du monde en sept climats, qui appartient à l’antiquité grecque, fut introduite dans les traités de géographie arabe : cette connaissance était pour les musulmans d’une nécessité absolue lorsqu’ils voyageaient d’ans les pays étrangers.

Après Alfergany vient un savant dont la longue carrière remplit presque tout le cours du IXe siècle : c’est Djafar, dit aussi Abou-Maschar, né à Balkh, dans l’ancienne Bactriane, et devenu célèbre au moyen-âge parmi nos pères, qui altérèrent son nom et l’appelèrent Albumazar. Ce ne fut qu’à l’âge de quarante sept ans qu’il s’adonna à l’étude des mathématiques, et par suite à l’astronomie et à l’astrologie judiciaire. Cette dernière science avait pénétré chez les Arabes en même temps que l’astronomie, et avait mis en crédit parmi eux plusieurs ouvrages grecs attribués à Ptolémée, et auxquels on accordait la même autorité qu’à son Almageste et à sa Géographie. C’est surtout, comme astrologue qu’Abou-Maschar est connu. Il existe différens traités astrologiques qui circulent sous son nom et qui ont été autrefois traduits en latin et dans d’autres idiomes de l’Europe.

L’impulsion donnée à la culture des sciences mathématiques par Almansour continua encore aussi vive et aussi féconde après sa mort. La fin du Ixe siècle et le commencement du Xe furent signalés par les travaux d’un homme tient dans ce genre de recherches : je veux parler de Mohammed, fils de Djaber, connu vulgairement sous le nom d’Albateny ou Albategnius, parce qu’il était