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lui accorda une subvention sur sa caisse; mais la nouvelle rédaction, empreinte d’un esprit de partialité, excita de vives récriminations, et M. Tchamourdji-Oglou fut rappelé au commencement de 1850. Les vues semi-catholiques que ce dernier laissa percer, en lui attirant de vives semonces de la part du journal de Smyrne, l’Araradian Arschalouïs (l’Aurore de l’Ararad)[1], amenèrent et sa retraite définitive et la fin du Haïasdan. Ce journal fut remplacé en février 1852 par le Noïyan Aghavni (la Colombe de Noë), qui était rédigé par MM. Grégoire Margossian et Isaac Abrôyan, interprètes de la chancellerie impériale, et qui subsista un an environ. Le Noïyan Aghavni a été suppléé par le Massis ou l’Ararad, que dirige aujourd’hui M. Uthudjian.

Outre ces feuilles politiques qui sont hebdomadaires comme la plupart des gazettes turkes, Constantinople a produit deux revues arméniennes mensuelles. La première, le Panassêr (le Littérateur), entreprise par un jeune écrivain, M. Hissarian, a commencé avec l’année 1851, qu’elle a remplie entièrement, mais qu’elle n’a pas dépassée. Les nouveautés littéraires, les matières économiques, la pédagogie, la politique, entraient dans le domaine du Panassêr. La seconde revue, intitulée le Pourasdan (le Jardin des Fleurs), est exclusivement littéraire et a pour fondateurs et collaborateurs les anciens élèves du collège arménien de Saint-Sahag, à Constantinople. Deux autres villes de la Turquie possèdent aussi des journaux arméniens. Dans l’Asie-Mineure, à Isnimid (Nicomédie), s’imprime le Haïrenassêr (le Patriote), qui a débuté vers la fin de 1849, et qui se soutenait encore vers la fin de 1852, d’après les dernières informations qui nous sont parvenues. A Smyrne, l’Araradian Arschalouïs ( l’Aurore de l’Ararad), qui date de 1840, est le premier grand journal qu’aient eu les Arméniens; il est très répandu et a des abonnés jusqu’en Russie et dans l’Inde. Son fondateur est M. Luc Balthasar, qui continue encore de le rédiger. Il était d’abord hebdomadaire, mais depuis l’incendie qui dévora une partie de la ville de Smyrne en 1845, il ne paraît plus que tous les quinze jours. Lorsque la réforme introduite par le sultan Mahmoud dans ses états, et développée par son successeur Abdul-Medjid, eut proclamé l’accessibilité de tous les sujets de l’empire, Turks ou rayas, aux fonctions publiques, quelques Arméniens des plus éclairés et des plus considérables

  1. La plus célèbre montagne de l’Arménie, le Massis on Ararad, et l’épisode du déluge que place sur cette montagne la tradition mosaïque réveillent dans l’esprit des Arméniens des souvenirs qui leur sont chers, parce qu’ils leur rappellent la haute antiquité de leur nation, et en même temps leur suggèrent ces dénominations allégoriques qu’ils se plaisent à donner pour titres à leurs journaux, comme l’Aurore de l’Ararad, la Colombe de Noë, la Colombe du Massis, le Massis, etc.