Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 6.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

500,000 roubles, et depuis lors MM. Jean, Christophe et Lazare de Lazaref, pieux continuateurs de l’œuvre paternelle, l’ont élevé à plus d’un million (4,000,000 de fr.). L’Institut Lazaref, qui date de 1815, a été placé par un oukase du 2-14 novembre 1825 au rang des gymnases et des corps de cadets de second ordre, et sous la dépendance du ministère de l’instruction publique. Il est sous la haute direction du chef de la famille Lazaref et d’un commissaire impérial, qui a été d’abord le général Benkendorf, plus tard le général d’artillerie Arakschéef, et qui est aujourd’hui M. le comte Orlof. L’enseignement, confié à vingt-deux professeurs, comprend l’histoire sainte, le catéchisme du rite grec et du rite arménien, la grammaire russe, l’histoire et la géographie, la statistique, la littérature et la logique, les sciences mathématiques et physiques, les langues latine, française et allemande, et pour les langues orientales, l’arménien, le géorgien, l’arabe, le persan et le turk. Ces cours ont pour objet de former non-seulement des élèves pour le service militaire et civil, mais d’une manière spéciale des interprètes pour les relations politiques et commerciales que la Russie entretient avec l’Asie, ainsi que des instituteurs et des prêtres pour les écoles et les églises arméniennes de l’empire. Cinquante bourses réservées aux orphelins ou aux enfans pauvres leur procurent le bienfait d’une éducation complète et gratuite, et souvent la main bienveillante qui a dirigé leurs pas les soutient encore dans le monde jusqu’à ce qu’ils soient tout à fait affermis.

Dans les deux collèges que dirigent les révérends pères mekhitharistes de Venise, l’éducation est envisagée principalement au point de vue national, c’est-à-dire que, tout en étant européenne pour le fond, elle est adaptée aux exigences et aux besoins de la position que les jeunes gens auxquels elle est donnée doivent occuper au milieu de leurs compatriotes en Orient. Ces deux établissemens sont le collège Raphaël, à Venise, qui est dû à la munificence de feu M. Edward-Raphaël Gharamian, négociant de Madras, et le collège Samuel Moorat, d’abord érigé à Padoue, depuis une dizaine d’années transféré à Paris, et dont le nom rappelle le souvenir de l’homme de bien qui conçut la pensée de cette utile institution, et qui en assura l’existence par un legs de 175,000 livres sterling (4,375, 000, fr.), le cinquième environ de sa fortune. Dans l’une et l’autre de ces deux maisons, l’éducation est basée sur un même système; elle est à la fois littéraire et professionnelle. Conformément au vœu du testateur, elle est dispensée gratuitement aux enfans pauvres, à la condition qu’ils retourneront dans leur patrie pour y répandre ou du moins pour y utiliser les connaissances qu’ils ont acquises.