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Le bonheur dont ta voix m’inonde
Me paierait la perte d’un monde.
Ton regard ouvre au mien les cieux ;
Si sa clarté m’était ravie,
Je donnerais toute une vie
Pour un seul éclair de tes yeux.

Vois le ciel, la mer qui flamboie ;
Entends ces oiseaux dans leur joie ;
Respire à flots l’air embaumé.
Goûtons ces splendeurs infinies ;
Viens ! La clé de ces harmonies.
C’est l’amour, ô mon bien-aimé !


VOIX DE LA MER.

Un désir, une ardeur immense
Court jusqu’au fond des flots amers ;
C’est l’amour qui jette en démence
Et fait gronder l’esprit des mers.
La mer, la belle mer de Grèce
S’enfle et rougit d’une caresse.
S’embrase au soleil d’orient.
Et, de la vague où tout palpite,
Voici que la blanche Aphrodite
Sort toute nue en souriant.

Elle vient, la déesse blonde ;
Tout cède au charme de ses yeux ;
Elle vient, la fille de l’onde.
Régner sur l’homme et sur les dieux.
Dès lors, on entend sur tes plages
Rire, ô mer, les amours volages
Et retentir leurs doux sanglots.
Et l’on voit tes nymphes hardies,
Accourant à leurs mélodies,
Plonger avec eux sous les flots.

Mais la brillante et folle écume
D’où sort la belle au sein d’argent
Cache au fond ta noire amertume,
mer, ton désir est changeant.
L’astre d’or qui, durant des lieues.
Enflamme ainsi tes vagues bleues,