Sans doute ; mais alors pourquoi le gardez-vous ? car enfin il tient autant de place qu’un bon.
Et même davantage, je vous assure ; mais je le garde, monsieur, d’abord parce que s’il me sert mal, il a bien servi mon père, et ensuite afin de tenir en haleine chez moi certaines vertus chrétiennes disposées à sommeiller, comme la patience et l’humilité.
Oh ! je n’ai plus rien à dire.
Je le crois. (Elle examine le couvert.) Comment ! mais vous avez fait tout ça très bien. — Je vous remercie. (Le comte place des sièges des deux côtés de la table ; François rentre, portant divers plats sur un plateau.)
Scène IV.
Tenez, asseyez-vous là. Vous avez bien gagné votre dîner.
Eh bien ! mademoiselle, je vous proteste que je me sens une pointe d’appétit, ce qui ne m’était pas arrivé depuis un temps immémorial.
Vous n’aviez peut-être jamais autant travaillé ? (Elle le sert ; petite cérémonies de table.)
Vous avez prononcé tout à l’heure le mot de curiosité, mademoiselle : excusez la mienne. C’est un miracle surprenant que de trouver en cette Thébaïde sauvage une personne qui semble si bien faite pour apprécier tous les charmes de la vie civilisée (s’inclinant) et pour y ajouter… (Mademoiselle de Kerdic s’incline.) Vous ne vivez pas toujours dans cette solitude ?
Monsieur, je n’occupe cette maison que depuis quelques mois depuis la perte d’une personne bien chère ; mais en y venant, je n’ai fait que changer de retraite,… j’ai presque toujours vécu loin du monde… Un peu de pâté chaud, monsieur de Comminges ?
Fort peu, je vous prie.
Mais vous parliez de miracle, monsieur le comte,… il n’en est pas