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n’y a pas de fée ici, il y a une intrigue, — dangereuse peut-être, — et dont j’aurai le secret.

Mademoiselle de Kerdic.

Vous ne croyez pas aux fées, monsieur de Mauléon ?… Si cependant je vous donnais la preuve irrécusable que vous êtes en présence d’un de ces êtres supérieurs à l’humanité, que diriez-vous ?

Yvonnet.

Là, monsieur ! me croirez-vous maintenant ? Elle l’avoue ; c’en est une !

Hector, le repoussant.

Je dirais, madame, je dirais… Eh ! c’est impossible !

Mademoiselle de Kerdic.

À deux pas d’ici je vous donne cette preuve. Je l’épargne à ce garçon, qui n’y résisterait pas. (Elle prend un flambeau.) Suivez-moi, si vous l’osez.

Yvonnet, s’attachant à son maître.

N’y allez pas, monsieur ! sur votre vie en ce monde et sur votre salut en l’autre, n’y allez pas !

Hector, après un moment d’hésitation, repoussant violemment Yvonnet.

Je vous suis !

(Mademoiselle de Kerdic sort par la porte latérale ; Hector la suit.)



Scène VII.

FRANÇOIS, YVONNET.
Yvonnet.

Saints du ciel ! il me laisse seul avec Merlin ! (Il regarde François du coin de l’œil.)

François.

Eh ! eh ! jeune homme !

Yvonnet, gracieusement.

Monsieur,… monseigneur… (À part.) Il va me changer en quelque espèce de bête.

François.

Approche. (Yvonnet s’approche à regret : François le regarde en souriant, il rit niaisement de son côté pour lui complaire. Le vieillard lui donne une légère tape sur la joue.)

Yvonnet, portant la main à sa joue.

Bon ! me voilà ensorcelé de cette joue-là !

François.

Comment t’appelles-tu ?

Yvonnet.

Yvonnet, monseigneur.

François.

Eh bien ! mon petit Yvonnet…

Yvonnet, fort troublé.

Il sait mon nom !… Ils savent tout, ces êtres-là !