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magistrat figure le roi de Norvège Olaf II (le saint) assis sur son trône, couronne en tête, avec une hache d’armes dans la main droite et le globe royal dans la main gauche. On lit en exergue ces mots sans aucun doute altérés : S. Beati Olaws de Slaozarswio.

Que les Åland doivent appartenir naturellement à la Suède, cela n’est pas douteux ; mais la Suède craindrait probablement de les accepter sans avoir en même temps l’assurance de recevoir bientôt la Finlande, car le voisinage immédiat de la Russie deviendrait, sans cela, pour elle un terrible danger, et l’occupation des Åland serait fort précaire. Les alliés peuvent-ils cependant entreprendre dès maintenant, sans la Suède et sans chaloupes canonnières, sur la seule foi de l’expérience de Bomarsund, la conquête de Svéaborg et de Cronstadt ? Faut-il au contraire, en attendant le printemps prochain, occuper les Åland pendant l’hiver à grands frais, avec la perspective d’une attaque des Russes en l’absence de nos flottes, ou faut-il raser Bomarsund[1] et faire de ces îles un désert ? Peut-on admettre, à défaut du concours de la Suède, le projet d’une Finlande indépendante ou bien réunie à une Pologne nouvelle ? Voilà quelques-unes des graves questions que suscitent les incertitudes de la Suède, et que nous ne prétendons pas résoudre. Nous croyons seulement que les puissances alliées auront bientôt enfin donné assez de preuves de leur résolution de réduire la puissance de la Russie, notamment dans la Baltique, pour que les peuples du Nord puissent d’une part compter sur de sérieuses garanties, et de l’autre se convaincre qu’il s’agit décidément ici de leurs plus chère intérêts et de la cause de tous les peuples civilisés. Cette guerre est une croisade dans laquelle tôt ou tard l’Europe entière devra prendre, parti, afin qu’il n’arrive pour aucune des nations intéressées que le profit se trouve séparé de l’honneur.


A. GEFFROY.

  1. On sait maintenant que les gouvernemens anglais et français ont décidé d’un commun accord que les fortifications de l’archipel d’Åland seraient détruites, et que Bomarsund serait évacué.