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du catholicisme, une chose au moins est certaine : c’est qu’ils ne sont pas des égoïstes ; ils s’occupent de leur prochain, malheureusement parfois un peu trop.

Ces faux bruits ne peuvent être attribués à la malignité ; je n’y vois qu’une erreur, et c’est sans doute le hasard qui a défiguré en cette occurrence les faits les plus innocens. Oui, c’est sur des faits réels que repose l’indication de temps et de lieu dont je viens de parler ; j’ai été en effet, au jour désigné, dans l’église désignée, qui était même autrefois une église de jésuites, et qui s’appelle Saint-Sulpice. Je m’y suis soumis à un acte religieux ; seulement cet acte n’était pas une odieuse abjuration, mais un serment de fidélité conjugale très bourgeoisement édifiant : — j’y ai fait bénir par l’église, après le mariage civil, mon union avec mon épouse bien-aimée, parce que celle-ci, issue d’une famille catholique très orthodoxe, ne se serait pas crue assez mariée sans une telle cérémonie. En la supprimant, j’aurais pu jeter le trouble dans une âme pieuse, qui devait, pour son bonheur, rester fidèle aux traditions religieuses de ses pères. D’ailleurs il est bon, pour bien des raisons, qu’une femme soit attachée à une religion positive. Trouve-t-on chez les femmes de la confession protestante plus de fidélité que chez celles de la croyance catholique ? C’est un point trop scabreux à discuter. En tout cas, le catholicisme d’une épouse est une chose très salutaire pour le mari. Quand les femmes catholiques ont commis une faute, elles n’en gardent pas longtemps du souci dans le cœur, et aussitôt qu’elles ont reçu l’absolution de leur confesseur, elles en ont la conscience nette, et se prennent de nouveau à gazouiller et à rire, au lieu de troubler la bonne humeur de leurs maris par le chagrin que pourraient leur causer de tristes réflexions sur le passé. La pauvre femme protestante au contraire, quand elle a commis un péché véniel dont aucun prêtre ne soulage sa conscience, y pense toujours, et se croit obligée de l’expier jusqu’à la fin de sa vie par une pruderie acariâtre et morose, par une vertu rébarbative et hargneuse qui gronde sans relâche. Sous un autre rapport encore, la confession est ici très utile : la pécheresse catholique n’a pas la mémoire longtemps chargée du terrible secret de son délit, et puisque les femmes sont forcées par leur nature de tout dire à la fin, il vaut mieux qu’elles n’avouent certaines choses qu’à leur confesseur, au lieu de courir le risque d’être subitement entraînées par les angoisses d’un remords, par un accès malencontreux de tendresse, ou par un débordement de leur babil intarissable, à faire au pauvre mari leur fatal aveu.

Oui, l’impiété est en tout cas très dangereuse dans l’union conjugale, et, quelque vertement que je me sois montré moi-même esprit fort dans mes écrits, je n’ai jamais permis qu’on prononçât dans