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Pepé. Les troupes pontificales se dirigeaient vers le Pô, commandées par le général Durando, qui dans une de ses proclamations rappelait le serment de Pontida béni par le pape Alexandre III, et répétait le vieux mot : « Dieu le veut ! il Le général d’Arco-Ferrari, bientôt remplacé par le général Laugier, conduisait une division toscane, composée de soldats réguliers et de volontaires de Florence ou de Pise. Parme et Modène envoyaient leurs bataillons. En Lombardie, des légions de volontaires se formaient. En réalité cependant, où était la véritable force, le nerf de la guerre, si ce n’est dans l’armée piémontaise, disciplinée, obéissante et animée d’un même esprit ? Sans l’armée piémontaise, il y aurait eu des insurrections, il n’y aurait point eu de guerre : non certes qu’il n’y eût de l’héroïsme chez beaucoup de ces volontaires, notamment chez ces jeunes étudians toscans qui, commandés par leurs professeurs, allaient se faire tuer sous les murs de Mantoue et sur les retranchemens de Curtatone ; mais il y avait l’impuissance qui nait de l’indiscipline, — et quant aux contingens réguliers, ils restaient naturellement soumis à l’impulsion des gouvernemens qui les envoyaient.

La guerre de l’indépendance italienne peut se diviser en deux périodes bien distinctes, — l’une pendant laquelle elle ne cesse de suivre une marche ascendante et va de succès en succès, — l’autre qui aboutit rapidement aux plus cruels désastres. Le 8 avril, l’armée piémontaise livrait son premier combat et poussait victorieusement devant elle les impériaux. En quelques jours, elle s’aguerrissait par les engagemens heureux de Monzambano, de Sandra, de Pastrengo, et elle se trouvait entre le Mincio et l’Adige. Les Milanais avaient dit à Charles-Albert qu’il suffisait de se présenter devant Peschiera pour y entrer ; l’armée se présentait, mais il fallut un siège régulier. On avait dit de même de Mantoue, de Vérone, et le 6 mai une forte reconnaissance sur Vérone amenait le combat douteux de Santa-Lucia. Le point culminant de la campagne était le 30 mai, le jour de la bataille de Goïto. Les Piémontais restaient victorieux ; Charles-Albert et le duc de Savoie, le roi actuel, avaient été blessés dans l’action ; au même instant parvenait au camp la nouvelle de la capitulation de Peschiera. Vicence était occupée encore par les troupes romaines de Durando. Il ne restait plus aux Autrichiens en Italie que quelques forteresses et le sol qu’ils avaient sous leurs pieds. Alors, sur ce champ de bataille de Goïto, put sortir de la poitrine des soldats piémontais une acclamation universelle à Charles-Albert, roi d’Italie !

Le mois de juin voyait encore quelques combats heureux à Rivoli, à la Corona, puis venait l’heure des revers. À la victoire de Goïto répondait, le 26 Juillet, la défaite de Custozza ; à l’entrée triomphale en Lombardie une retraite d’abord assez régulière Jusqu’à Milan,