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Bhâskârachârya, parce que ce qu’il avance et démontre, disent-ils, est contraire aux notions admises dès la plus haute antiquité, etc. Or le Siddhant-Shiromani de Bhâskârachârya a été écrit vers 1150. Cette rectification des idées erronées sur le système du monde introduites parmi les Hindous date de plus de sept siècles ! La conversion des Hindous, si elle doit résulter de la rectification de leurs idées sur tous les points scientifiques, ne pourrait donc s’espérer que dans des milliers d’années.

Les essais dont nous venons de parler suffisent pour démontrer dans l’esprit des indigènes, au moins de ceux qui habitent l’ouest de l’empire hindo-britannique, une tendance à généraliser les idées et à secouer le joug des notions superstitieuses qui entravent la marche de l’intelligence. D’autres essais de même origine, sur des questions de détail, soit scientifiques, soit littéraires, témoignent de l’aptitude remarquable des indigènes à comprendre et à traiter ces questions. Les résultats obtenus dans les autres présidences confirment à tous égards cette tendance et cette aptitude des Hindoustanys à s’assimiler au point de vue intellectuel le savoir européen ; ils mettent de plus en évidence le vif désir que manifestent les indigènes, même parmi les classes les plus élevées, d’être admis au service du gouvernement anglais[1]. C’est ainsi que l’un des princes du Mysore se soumettait, en 1850, aux examens prescrits par le règlement du 7 mars 1835, qui régit aujourd’hui la matière, et se présentait comme candidat à un emploi public.

Les progrès réalisés depuis 1833 dans l’administration de l’instruction publique nous semblent particulièrement dignes d’attention, et il ne sera pas inutile de les résumer en quelques lignes. En 1813, le parlement avait ordonné qu’une somme de 10,000 livres st. (250,000 francs) fût annuellement prélevée sur l’excédant des revenus de l’Inde, et appliquée à faire revivre et à encourager l’étude de la littérature indigène ; mais ce ne fut qu’en 1823 que le gouvernement du Bengale nomma un comité d’instruction publique, et mit à la disposition du comité les fonds accordés par le parlement à dater de 1821. Les seuls établissemens fondés par le gouvernement anglais avant 1823, pour l’éducation des indigènes, avaient été le collège mahométan de Calcutta et le collège sanscrit à Benarès. De

  1. Indépendamment de 400 à 500 Anglo-Indiens (East-Indians) employés dans différentes branches du service, on comptait en 1852 environ 2,400 indigènes revêtus d’emplois plus ou moins importans, surtout dans l’administration de !a justice et dans les finances, dont les traitemens variaient de 600 fr. à 39,000 fr. Par an, et dont les services étaient appréciés à une haute valeur par le gouvernement. — Voyez, pour de plus amples et très curieux détails, les Statistical Papers déjà cités, p. 35 et suiv. ; on peut consulter aussi l’Annuaire des Deux Mondes 1851-52, p. 447.