Nous suivions il y a quelque temps[1], à travers les événemens d’une vie tristement agitée, un romancier qui a saisi et vivement fixé dans ses récits plusieurs traits caractéristiques de la société russe. Aujourd’hui le même écrivain emprunte à ses propres souvenirs les élémens d’une œuvre où n’interviennent ni la fiction ni la satire. Le livre qu’il vient de publier à Londres doit tenir à la fois une place distinguée parmi les écrits russes contemporains et parmi les documens que les compatriotes de M. Hertzen nous livrent trop rarement sur leur pays. L’auteur y raconte simplement, et avec une modération qui n’est guère le fait de ses coreligionnaires politiques, les années qu’il a passées dans les prisons de la Russie ou dans ces contrées limitrophes de la Sibérie assignées comme résidence par le gouvernement du tsar à certaines catégories de condamnés. M. Alexandre Hertzen (c’est lui qui sous le nom d’Iskander raconte ses années de prison et d’exil) parle sans colère des épreuves qu’il a subies. Qu’on ne s’attende point cependant à trouver dans son dernier écrit l’accent de résignation chrétienne qui répand tant de charme sur le livre d’une autre victime bien autrement touchante des ten-
- ↑ Voyez la livraison du 15 juillet 1854.