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POETES ET ROMANCIERS


MODERNES DE L’ITALIE





UGO FOSCOLO ET SA CORRESPONDANCE. Opere complete di Ugo Foscolo, Florence, Lemonnier, 1850-1854





Un des caractères les plus généraux de la littérature italienne durant sa décadence a été le défaut absolu d’esprit pratique et comme une horreur de l’action. Après les derniers efforts du libre génie florentin dans Machiavel, après les hardiesses déréglées du théâtre et de la satire, après les éblouissantes fantaisies d’Arioste et le mouvement de renaissance poétique et religieuse dans la Jérusalem délivrée, l’Italie, fatiguée d’une agitation stérile, semble se replier sur elle-même, se contenter d’un rôle négatif, et craindre toute pensée agissante et toute idée qui pousse en avant. Jouir de la vie sans l’user, vivre pour le plaisir de vivre, pour respirer un beau ciel ; aimer le beau pour lui-même, je me trompe, pour la surface extérieure qu’il présente, et prendre un médiocre souci de futile ; goûter les jouissances de l’art avec les raffinemens d’un véritable épicuréisme, faire de la littérature un dilettantisme, de la poésie une espèce de musique, voilà ce que les Italiens ont longtemps connu à peu près seuls ; mais ce jugement ne peut s’étendre à la littérature italienne de nos jours. Les choses ont changé depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle ; une école nouvelle, plus grave et moins dédaigneuse de la réalité, s’est fait une large place dans le mouvement littéraire ; sa poésie a été philosophique, morale, sociale : nous voulons parler