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LES CONFESSIONS


D’UN


RÉVOLUTIONNAIRE ITALIEN





Lorenzo Benoni, passages in the life of an Italian, edited by a friend ; Edinburgh, Thomas Constable, 1854.





Ce n’est pas seulement aux intérêts matériels que la guerre est défavorable : la littérature en souffre également, sans avoir, pour patienter et attendre, les mêmes ressources que les intérêts matériels, — les nécessités de la vie, par exemple, auxquelles bon gré, mal gré, il faut satisfaire, et les dépenses capricieuses de la vanité et de la sensualité, qui, assez vivaces pour résister aux révolutions et aux tempêtes, offrent toujours à l’industrie une source intarissable d’affaires et de profits. Il en est autrement avec les choses qui n’existent que par les loisirs d’un certain public et la curiosité des esprits. Cette curiosité ne se porte plus sur le roman nouveau ou l’œuvre dramatique récente, mais sur les dépêches télégraphiques, les correspondances étrangères et les lettres des amis absens qui nous aident à suivre le mouvement des flottes, les marches des armées, les ravages du choléra. Dans un tel état de choses, la curiosité de l’écrivain est, elle aussi, fort émoussée ; il ne prend plus le même plaisir à observer le monde auquel il est mêlé, à pénétrer les secrets de la vie qui l’environne : il partage la disposition générale et porte involontairement les yeux là où les porte le monde entier. Alors éclosent par milliers les livres de circonstance ; c’est le bon moment pour une